La tendance de fond est bien présente, a indiqué Jacques Chavaz,
directeur suppléant de l'OFAG, mercredi à l'occasion de la
présentation du rapport agricole 2007:
l'approvisionnement en denrées alimentaires deviendra à l'avenir un
véritable enjeu stratégique et la pression sur les prix se
poursuivra, en raison d'une demande de plus en plus soutenue.
Cela s'explique par trois facteurs. D'une part, la population
mondiale s'accroit de 75 millions de personnes chaque année. Ce
sont autant de bouches à nourrir. D'autre part, le pouvoir d'achat
augmente dans les pays émergents et les consommateurs se tournent
de plus en plus vers les produits carnés.
Or il faut quatre fois plus de surface agricole pour fournir la
même quantité de calories au travers de la viande que par les
céréales. Enfin, l'explosion de la consommation de biocarburants
amène une pression supplémentaire sur les prix de certaines
céréales.
Trois facteurs clés
A ces trois facteurs s'ajoute une autre réalité: l'offre ne
pourra pas suivre la hausse de la demande. La disponibilité des
terres arables est en effet de plus en plus limitée, en raison de
l'urbanisation croissante.
Cette évolution offre à l'agriculture suisse des perspectives plus
solides que ce que l'on imaginait il y a quelques années à peine,
selon Jacques Chavaz. Un constat qui réjouit Manfred Bötsch, le
directeur de l'OFAG: «Nous défendons depuis plusieurs années la
vision d'une agriculture suisse tournée vers les besoins du marché.
L'évolution actuelle nous donne raison».
Bonus pour les paysans
Après avoir chuté en 2006 à 2,54 milliards de francs, les
revenus de l'agriculture hors paiement directs sont ainsi repartis
à la hausse. Les prévisions 2007 laissent apparaître un revenu
total de 2,60 milliards, en hausse de 2,2%, indique l'OFAG. La
valeur de la production agricole devrait quant à elle progresser en
2007 de 3,6 % à 10,34 milliards de francs.
Pour l'OFAG, le fait que le revenu augmente moins fortement que la
valeur de la production s'explique par les charges de plus en plus
lourdes qui pèsent sur les agriculteurs, notamment dans le domaine
de l'énergie.
ats/cab
L'Europe rattrape la Suisse
Malgré la hause, l'évolution des prix des matières premières en Suisse n'a pourtant rien à voir avec ce que connaissent nos voisins européens.
En Allemagne par exemple, un panier moyen de produits frais coûtait 10% de plus à la ménagère en octobre 2007 qu'en octobre 2006.
En Suisse, les prix à la consommation des denrées alimentaires n'ont augmenté que de 0,7% sur les dix premiers mois de l'année 2007. Conséquence, l'écart entre la Suisse et ses voisins s'amenuise.
Alors qu'en 2006, les prix à la production des produits des champs essentiels tels que le blé, l'orge ou le maïs étaient deux à trois fois plus élevés en Suisse que dans l'Union européenne, le facteur est maintenant inférieur à 1,5, selon les chiffres de l'OFAG.
Cette évolution contrastée s'explique par le relatif isolement du marché suisse. Protégé par des barrières douanières encore importantes, il réagit moins aux grandes tendances internationales, a expliqué Jacques Chavaz, directeur suppléant de l'OFAG.
Cela pourrait changer à l'avenir, au vu de l'ouverture prévisible des marchés et des accords de libre-échange en cours de négociation.