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Vers une redéfinition de l'avortement dans le Code pénal?

Vers une redéfinition de l'avortement dans le Code pénal? [Keystone - Christian Beutler]
Vers une redéfinition de l'avortement dans le Code pénal? / La Matinale / 1 min. / le 2 octobre 2020
La Suisse doit-elle dépoussiérer sa loi sur l'avortement, comme l'ont fait notamment la Belgique, la France ou encore le Canada? Certains estiment que oui: dans leur collimateur notamment, la prise en compte de la notion de détresse.

Si le Code pénal suisse stipule que l'avortement n'est pas punissable les 12 premières semaines, il exige une condition: que la femme concernée justifie par écrit "une situation de détresse".

Pour le conseiller national Mathias Reynard (PS/VS), cette condition n'a plus lieu d'être. Il a déposé une motion pour la supprimer lors de la dernière session parlementaire.

"On est dans une formulation infantilisante et humiliante, alors que la Suisse a reconnu le droit des femmes à disposer de leur propre corps. Si aujourd'hui, on appliquait cela à la lettre, cela poserait problème (...)", a estimé le Valaisan.

Justification pas demandée dans la pratique

Car malgré la loi, dans la pratique, les femmes n'ont pas besoin de faire une déclaration écrite justifiant de leur détresse pour avorter.

La fondation PROFA, qui offre des consultations en santé sexuelle, voit néanmoins d'un très bon oeil une telle modernisation de la législation. Selon elle, la loi doit respecter le positionnement des femmes et cette modification entérinerait leur liberté et leur indépendance sur la question.

Le risque de fragiliser les plus vulnérables ?

Mais aux yeux de Jacqueline Fellay-Jordan, présidente de Santé sexuelle suisse, ce combat tombe au mauvais moment et risque d'être contre-productif.

"En ce moment, avec les statistiques qui sont en train de sortir sur les interruptions de grossesse et l'impact du Covid-19, j'aurais mis un autre chantier en route. La priorité pour moi n'est pas dans les termes infantilisants de la loi", affirme-t-elle, s'exprimant à titre personnel.

Et d'ajouter: "Je pense qu'une femme est tout à fait responsable de ses choix et c'est très bien comme ça. Je suis d'accord qu'il n'y a pas forcément de détresse (ndlr. lors d'un avortement) mais s'il y en avait, je n'aimerais pas qu'on coupe encore dans les budgets et dans l'aide qu'on apporte aux femmes qui ont besoin d'être accompagnées face à des choix qui doivent être très éclairés (...) Au final, on risque encore une fois de fragiliser les plus vulnérables."

Cléa Favre/ther

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