Au 1er juin, la Suisse recensait ainsi pas moins de de 78'832 appartements libres de locataires vacants, soit 1,72% du parc de biens. En l'espace d'un an, 3449 unités de plus sont restées inoccupées, soit une hausse de 4,6%, indique l'Office fédéral de la statistique.
La tendance s'est accélérée ces dernières années: le nombre de logements construits augmente car l'immobilier est devenu une valeur refuge pour les investisseurs, tandis que l'immigration a calé ces dernières années et réduit la demande.
Forte pénurie genevoise
Genève affiche le taux le plus bas de Suisse (0,49%). Les cantons de Zoug (0,70%), de Zurich (0,91%), d'Obwald (0,92%) et de Bâle-Ville (0,96%) ont également enregistré des taux de logements vacants inférieurs à 1%, soit la limite indiquant une pénurie. Le canton du bout du lac Léman est le seul romand dans cette situation.
Le nombre de logements vacants a augmenté le plus fortement dans le canton de Vaud (+1187 unités), ce qui permet d'atteindre un taux de 1,37%. L'agglomération lausannoise est toutefois en situation de pénurie (0,97%), tout comme celles de Genève (0,63%) et Zurich (0,95%).
A l'autre bout du spectre, le canton de Soleure a affiché le taux de logements vacants le plus élevé (3,22%), comme l'an dernier. Des niveaux élevés ont aussi été relevés au Tessin (2,71%), en Argovie (2,65%) et dans le Jura (2,52%).
Le nombre de logements vacants a augmenté dans toutes les tailles, à l'exception des appartements les plus grands soit ceux disposant de cinq pièces (-0,5%). L'offre a augmenté le plus fortement pour les logements d'une et de deux pièces (respectivement +14,5% et +7,0%). La plupart des logements vacants sont des trois pièces (26'070 unités) ou des quatre pièces (22'665 unités).
cab avec ats
La peur d'une bulle immobilière
Pour Pierre Mauron, président de l'ASLOCA Fribourg, l'hypothèse la plus probable pour expliquer que les loyers ne baissent pas, est la politique des investisseurs institutionnels comme les caisses de pension.
"Le premier signe pour une baisse des loyers est la baisse des taux hypothécaires. En Suisse, ces taux baissent depuis dix ans et les loyers ont même augmenté (...) On ne peut pas en être certains, mais pour moi l'hypothèse la plus probable est que les investisseurs institutionnels cherchent à placer leur argent. Si des caisses de pension ont 50 ou 100 millions à placer, elles perdent de l'argent en le mettant dans une banque. Dans la pierre, même si les immeubles restent vides, le capital reste entier", explique-t-il dans le 19h30.
Et d'ajouter, concernant le risque de bulle immobilière: "Le phénomène le plus pernicieux, ce sont les locataires qui quittent des anciens immeubles pour aller vers des appartements neufs. Le risque de bulle immobilière est vraiment là, dans le sens où avec les immeubles anciens, on a encore des propriétaires ordinaires, qui y ont pour certains placé leurs économies et qui eux, ont une dette hypothécaire à rembourser. Avec ces immeubles qui se vident, on risque des faillites en cascade, et c'est en tout cas ce que je crains dans le canton de Fribourg."