S'estimant trahis par cette loi acceptée en septembre dernier par le Parlement, les militants du mouvement de la Grève du climat ont annoncé, la semaine dernière, vouloir lancer un référendum. Ils jugent le texte insuffisant pour freiner le réchauffement climatique et accusent même les Verts de s'être moqués de leurs revendications.
>> Plus de détails dans notre article : "Trahis" par la loi sur le CO2, des grévistes du climat la combattront
"C'est tout le contraire. On veut plus que jamais sauver la planète" du réchauffement climatique, s'est défendue la conseillère aux Etats genevoise Lisa Mazzone dans La Matinale de la RTS mercredi. "La loi sur le CO2 est un premier pas, un progrès. Il y a une telle urgence climatique qu'on ne peut pas se permettre de faire la fine bouche et se dire 'ah non, elle ne va pas assez loin, on va prendre 3 à 4 ans supplémentaires avant d'agir'. Au contraire, on doit poser une pierre, et sur cette base, construire un édifice qui soit solide pour répondre aux enjeux du réchauffement", argumente-t-elle.
Un trop petit pas?
Aux yeux des militants écologistes, ce premier pas est cependant un pas trop petit. "Mais si vous restez sur place, vous n'allez nulle part! Il faut qu'on puisse trouver des majorités, et c'est ce qu'on a su faire avec cette loi sur le CO2. Elle avait démarré de manière totalement catastrophique", rappelle Lisa Mazzone, qui décrit une avancée "vraiment conséquente, qui couvre tous les secteurs, une sorte de couteau suisse".
On est d'accord, cette loi n'est pas suffisante, mais on n'a pas le luxe de se permettre d'attendre
Alors que des taxes, notamment sur l'essence et les billets d'avion, sont imposées aux contribuables, les mesures prises sur le plan de la finance sont jugées beaucoup trop timides par les opposants à la nouvelle loi. Or, les émissions dont la place financière suisse est responsable représentent vingt fois celles produites à l'intérieur du pays, de l'aveu même de Lisa Mazzone.
"On a inscrit l'obligation d'analyser le risque climatique de la place financière et une obligation de transparence, ce qui est un premier pas essentiel", signale néanmoins la conseillère aux Etats Verte. "A partir du moment où on décide de faire quelque chose, on se confronte aux majorités. Les Verts ont certes progressé aux élections, mais on n'a pas de majorité absolue au Parlement! Il faut donc composer avec les réalités existantes. On est d'accord, cette loi n'est pas suffisante, mais on n'a pas le luxe de se permettre d'attendre".
Concilier militantisme et démocratie
Il y a seulement six ans de cela, alors qu'elle était, à 26 ans, l'une des plus jeunes députées au Grand Conseil genevois, le PLR critiquait ouvertement son esprit obtus et son absence de volonté de négocier, qui empêchait d'obtenir des consensus. "C'est ce qui fait que je comprends d'autant mieux l'impatience des militants écologistes", reconnaît Lisa Mazzone. "Ce dépit face aux institutions, se réveiller et se dire: 'il y a cette vague qui nous arrive dessus, cette catastrophe climatique, et ils n'ont rien fait, on n'en est que là!'.
Les institutions sont parfois difficiles et lentes, je le reconnais, mais c'est la démocratie qui l'exige. Si on veut vraiment ancrer des changements solides, on a besoin de la démocratie
Aujourd'hui, elle fait partie de ces institutions. Mais elle estime continuer, malgré tout, à représenter la cause écologique et ses militants: "C'est un mouvement très large, avec des composantes institutionnelles d'un côté ‒ c'est nous au Parlement ‒ et plus militantes de l'autre ‒ c'est la grève du climat dans la rue. Je le dis avec sincérité: je pense qu'on continue de les représenter, qu'on continue d'être cette voix au sein des institutions. Elles sont parfois difficiles et lentes, je le reconnais, mais c'est la démocratie qui l'exige. Si on veut vraiment ancrer des changements solides, on a besoin de la démocratie".
Pour avancer, le mouvement écologiste a besoin de différentes voix. Ces voix qui émanent de la rue nous ont permis d'avancer. On en a besoin et on continuera d'en avoir besoin
Il y aurait donc en quelque sorte, du côté des écologistes, un bras armé et un bras officiel? "Ce n'est pas un bras armé, puisqu'il est pacifique", rétorque Lisa Mazzone, en référence aux manifestations devant le Palais fédéral lors de la dernière session des Chambres. "Pour avancer, le mouvement écologiste a besoin de différentes voix. Ces voix qui émanent de la rue nous ont permis d'avancer. On en a besoin et on continuera d'en avoir besoin".
Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Vincent Cherpillod
"Voir une éolienne ne me rebute pas"
"Si on veut sortir des énergies fossiles, on va avoir besoin d'électricité, pour la mobilité ou le chauffage. On en peut pas se permettre de se passer de l'éolien", a réagi Lisa Mazzone, interrogée sur sa position dans le débat pro- ou anti- éolien qui divise les écologistes.
"Je le dis avec mon coeur de Verte, qui va souvent dans le Jura, où j'ai de la famille: quand je vois une éolienne, ça ne me rebute pas, au contraire. Je trouve que ça peut bien se marier avec le paysage, car ça représente aussi notre avenir".