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D'un point de vue urbanistique, "la crise du Covid a libéré les esprits"

Le Conseil d'Etat genevois a modifié ou a crée de nouvelles pistes cyclables et mise sur la mobilité douce pour faire face au Covid-19. Le vélo et la marche permettent de garder ses distances sociales. Genève, 21 mai 2020. [Keystone - Martial Trezzini]
L'époque: la ville de lʹaprès-Covid / L'époque / 21 min. / le 10 octobre 2020
Pistes cyclables, terrasses élargies, rues fermées à la circulation: en quelques mois, voire quelques semaines, la crise du Covid a redessiné les contours de nos villes. Une opportunité inédite que plusieurs élus romands n'hésitent pas à saluer.

"Ce qui semblait impossible il y a quelques années est devenu possible", se réjouit dans La Matinale samedi l'architecte-paysagiste Laurent Essig, enseignant à la Haute Ecole du paysage, d'ingénierie et d'architecture de Genève (HEPIA). "Souvent, ce sont des éléments déclencheurs extérieurs, en l'occurrence le coronavirus, qui viennent brasser les cartes et accélérer les choses".

Cette vision optimiste sur les villes qui se réinventent grâce au Covid, c'est également celle de plusieurs élus romands. "Ce qui était impossible est devenu possible", ce sont également les mots de Frédérique Perler. Cette nouvelle élue à l’exécutif de la Ville de Genève salue notamment la réalisation dans l’urgence - le printemps dernier lors du pic de l'épidémie - de pistes cyclables dont la plupart ont été ou seront pérennisées. Une nouvelle d'autant plus réjouissante que l'utilisation du vélo en ville a augmenté de quelque 22% ces dernières années en Suisse.

D'autres villes romandes à l'instar de Nyon, Vevey, Neuchâtel, Morges ou encore Lausanne ont suivi le même chemin que la ville du bout du lac Léman. Dans la capitale vaudoise, par exemple, ce ne sont pas moins de sept kilomètres de pistes cyclables supplémentaires qui ont été dessinées.

"Un urbanisme tactique"

Florence Germond, municipale lausannoise en charge des finances et de la mobilité, n'hésite pas à parler de révolution. Une révolution qui n'a pas eu lieu que sur le bitume, mais surtout dans les têtes. "La situation a libéré les esprits et a permis, via des simplifications de procédures, de faciliter un urbanisme tactique". Autrement dit, désormais, on teste d’abord et on discute ensuite pour éventuellement apporter des modifications. Alors qu'autrefois, c'était le contraire.

"Aujourd'hui, on consomme différemment et on se déplace différemment", analyse Laurent Essig. "Tout est chamboulé. Et tout cela, on ne peut pas l'apprendre dans les livres, car ils ne sont pas encore faits. Il s'agit donc d'expérimenter".

Et pour lui, l'exemple des pistes cyclables provisoires qui ont récemment vu le jour un peu partout illustre parfaitement ce nouvel urbanisme en pleine mutation. "On teste, après on peut interroger les gens, et on peut corriger. Ce qui marche, on garde. Ce qui ne marche pas, on abandonne. Il s'agit de réinventer la ville de manière homéopathique", ajoute-t-il.

Besoin d'échanger

Florence Germond ne minimise pas pour autant le besoin d’échanger avec les utilisateurs, que ce soient les riverains, les cyclistes ou les automobilistes. "Deux ou trois mois de préavis, c’est sans doute la bonne mesure, plutôt qu’une semaine, comme on a pu parfois le voir cet été", propose-t-elle.

Une perspective également applicable à l'autre grande évolution observée cet été dans les villes romandes: l’apparition de nombreuses terrasses, souvent au détriment de places de parc ou débordant sur les trottoirs.

Pour Laurent Essig, le besoin d'échanger avec les citoyens reste évidemment central. "Avant on avait peur des citoyens, mais aujourd'hui il faut travailler avec eux. Il faut trouver une nouvelle énergie positive d'écoute".

La crise économique: un frein?

Et l'architecte-paysagiste ne voit pas dans la crise économique un frein à cette mutation. "Au contraire", explique-t-il. "Avant on construisait trop, trop compliqué, trop grand et trop cher. Aujourd'hui, ces aménagements temporaires ne coûtent pas si cher. Et si ça fonctionne, on pérennise, on consolide. Ce qui est plutôt bon marché".

Sujet radio: : Yann Amedro et Mathieu Truffer

Adaptation web: Fabien Grenon

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