Le groupe PDC renonce donc à un périlleux combat mercredi pour reconquérir son
deuxième siège au Conseil fédéral, perdu il y a quatre ans. Le chef
du groupe, le conseiller aux Etats fribourgeoise Urs Schwaller, qui
figurait d'ailleurs parmi les papables avec le Valaisan Christophe
Darbellay, a déclaré vouloir un deuxième fauteuil mais qu'il ne le
demanderait que lors de la prochaine vacance.
Au terme d'une séance de plusieurs heures, la majorité du groupe
PDC/PEV/Verts libéraux a donc décidé d'élire tous les sortants,
sauf Christoph Blocher (PS et Verts ont dit de même). Il ne
présentera toutefois aucune candidature contre lui et ne soutiendra
pas Luc Recordon. Avec le seul soutien du PS, le Vert ne disposera
donc pas des voix nécessaires pour espérer.
"Manque de courage"
La nuit des longs couteaux promet toutefois d'être agitée, car,
sur le papier, la gauche et le groupe du PDC disposent ensemble de
128 sièges sur 246. Le PS est lui resté muet mardi sur la stratégie
qu'il adoptera en vue de l'élection au Conseil fédéral. Le groupe
parlementaire garde toutes les options ouvertes en attendant de se
réunir une nouvelle fois mercredi à l'aube. Seule certitude, les
socialistes n'éliront pas Christoph Blocher, a déclaré leur
porte-parole.
Le PS espère encore trouver une alternative à Christoph Blocher.
La présidente du groupe parlementaire Ursula Wyss n'exclut pas de
soutenir une candidature sauvage d'un autre UDC et maintiendra le
contact avec le PDC. Les noms de la conseillère d'Etat grisonne
Eveline Widmer-Schlumpf ou des conseillers nationaux Bruno Zuppiger
(ZH) et Caspar Baader (BL).
De leur côté, Les Verts dénoncent le manque de courage du PDC. Il
ne suffit pas de dire qu'on est contre Christoph Blocher, il faut
voter pour le candidat écologiste Luc Recordon, selon leur
vice-président Ueli Leuenberger. Si tous ceux qui ne veulent pas de
Christoph Blocher votent pour Recordon, il y a une chance pour
qu'il ne soit pas réélu, a ajouté le Genevois. Les Verts auraient
souhaité que le PDC présente Urs Schwaller ou Christophe Darbellay.
Mais ce n'est pas le cas.
Doris Leuthard menacée?
De son côté, le groupe radical-libéral a annoncé une position
conforme aux attentes: l'alliance soutiendra la candidature des
conseillers fédéraux actuels et les réélira. Sans surprise, le
groupe soutient également la candidature du radical Markus Seiler
au poste de chancelier de la Confédération.
Pour sa part, l'UDC a réitéré sa menace de passer dans
l'opposition si un de ses deux candidats officiels n'est pas réélu.
En cas de non-élection, l'UDC pourrait présenter son candidat
malheureux contre les autres conseillers fédéraux, a fait savoir
son groupe parlementaire.
Pour le reste, le groupe UDC/Lega/UDF soutiendra la formule
actuelle du gouvernement à condition que les autres partis
soutiennent ses candidats. Tout dépend maintenant des déclarations
que fera Urs Schwaller mercredi matin devant l'Assemblée fédérale.
Si le chef du groupe PDC répète que la majorité de son groupe ne
soutient pas Christoph Blocher, l'UDC en ferait de même avec Doris
Leuthard.
agences/boi
Mode d'emploi du scrutin
L'élection du Conseil fédéral suit une procédure très précise.
Les sièges sont pourvus un par un, par ordre d'ancienneté des titulaires précédents. Soit Moritz Leuenberger (PS), Pascal Couchepin (PRD), Samuel Schmid (UDC), Micheline Calmy-Rey (PS), Hans-Rudolf Merz (PRD), Christoph Blocher (UDC) et Doris Leuthard (PDC).
Aux deux premiers tours du scrutin, les députés peuvent voter pour les personnes éligibles de leur choix.
Dès le 3e tour, aucun nouveau candidat n'est accepté.
Toute personne qui obtient moins de dix voix au 2e tour est éliminée.
Au 3e tour, le candidat qui obtient le moins de suffrages est aussi éliminé.
A l'issue du vote, l'Assemblée choisit un président de la Confédération et un vice-président du Conseil fédéral.
Lutte pour la chancellerie
La désignation du chancelier, qui aura lieu après l'élection des conseillers fédéraux, sera aussi le théâtre d'une lutte intense.
Le radical Markus Seiler fera face à la candidate du PDC et vice-chancelière Corina Casanova ainsi qu'à la candidate de l'UDC Nathalie Falcone-Goumaz.
Ce sont assurément les voix des parlementaires de partis ne présentant pas de candidats qui pourraient faire la différence.
Après avoir auditionné les trois candidats, les socialistes ont affirmé qu'ils allaient soutenir la PDC Corina Casanova pour succéder à Annemarie Huber-Hotz.
Les Verts vont aussi soutenir la démocrate-chrétienne.