Cette nomination attendue mercredi confirmerait l'éviction du négociateur en chef du dossier européen, protégé du conseiller fédéral Ignazio Cassis et devenu la figure du blocage des négociations avec Bruxelles sur l'accord cadre institutionnel.
Largement critiqué de toute part, Roberto Balzaretti a vu sa position devenir intenable en dépit du soutien indéfectible d'Ignazio Cassis. Cela résonne comme un échec personnel pour le ministre PLR tessinois qui l'a nommé en 2018 et qui avait modifié la structure de son département pour cela.
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Un nouveau revirement
Ignazio Cassis propose à présent de rechanger l'organigramme du DFAE pour revenir à l'ancien fonctionnement avec un secrétaire d'Etat gérant toute la politique étrangère, y compris le dossier européen. Ce nouveau revirement donne un sentiment de flottement général.
Déjà isolé au sein du gouvernement, Ignazio Cassis pourrait l'être encore plus en se séparant de Roberto Balzaretti, paratonnerre attitré, et qui encaissait une partie des coups.
Au-delà de nommer un nouveau négociateur - le cinquième depuis le début des négociations il y a huit ans -, le conseiller fédéral tessinois devra surtout convaincre ses collègues de signer cet accord cadre. Un défi de taille.
"Le front le plus difficile est à l'interne"
Conseiller national PLR, le Neuchâtelois Damien Cottier a longtemps travaillé sur le dossier de l'accord-cadre en tant que conseiller personnel de l'ancien conseiller fédéral, Didier Burkhalter. Il estime que la Suisse a un problème à ce sujet "depuis de nombreuses années".
"Dans le dossier européen, le front le plus difficile est le front intérieur. Quel que soit le conseiller fédéral à la tête du dossier, il aurait des difficultés, parce que la Suisse est profondément divisée sur la politique européenne", analyse le parlementaire dans La Matinale de la RTS.
Concernant la probable éviction de Roberto Balzaretti, Damien Cottier affirme qu'il est un "excellent diplomate" et rappelle au passage que le responsable de la négociation avec l'UE est le gouvernement dans son ensemble.
"Dans le cas présent, on peut faire une analogie avec le football. On joue les prolongations et il arrive qu'on change des joueurs, même les meilleurs parce qu'ils ont tout donné, pour mettre des gens du banc parce qu'ils sont plus frais. La négociation est terminée, mais on va aller à Bruxelles pour obtenir des éclaircissements sur des points de l'accord", explique le Neuchâtelois.
Marie Giovanola/Romaine Morard
Adaptation web: Jérémie Favre