Agée de 59 ans, Livia Leu reprend dès à présent les rênes de la Direction des affaires européennes (DAE). La Grisonne aura ainsi la difficile tâche de mener les négociations avec l'Union européenne sur l'accord-cadre.
Avant Roberto Balzaretti, plusieurs diplomates aguerris s'étaient déjà cassés les dents sur le dossier européen: Yves Rossier, Jacques de Watteville et Pascale Baeriswyl. Le Tessinois de 55 ans était toutefois allé plus loin que ses prédécesseurs. En 2018, il était parvenu à conclure l'accord-cadre avec l'Union européenne.
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Le texte ne convainc cependant pas en Suisse. Plusieurs points sont particulièrement critiqués: les mesures d'accompagnement, la directive relative aux droits des citoyens européens et les aides d'Etat. L'UDC s'insurge quant à elle contre une ingérence de juges étrangers et une perte de souveraineté.
La position de la Suisse sur l'accord-cadre doit être définie prochainement. Et des discussions avec l'UE engagées sur les points en suspens. Ce changement envoie donc un double-message: d'une part, l'accord-cadre actuel n'est pas jugé satisfaisant et, du côté de Bruxelles, il y a de nouvelles demandes.
Réorganisation aux Affaires étrangères
Dès le 1er janvier, la diplomate verra son cahier des charges s'étoffer. Elle prendra la tête d'un secrétariat d'Etat élargi, regroupant la DAE et la Direction politique. Livia Leu sera ainsi responsable non seulement du dossier européen, mais aussi du reste de la politique internationale.
La réorganisation du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) était attendue. Elle tombe quelques semaines seulement après le rejet net de l'initiative "pour une immigration modérée" le 27 septembre. Le plébiscite populaire en faveur de la libre circulation avait marqué la reprise des discussions avec Bruxelles.
En mettant l'Europe au centre du DFAE, le gouvernement envoie un signal fort à Bruxelles, a souligné le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis lors d'une conférence de presse. Il crée les conditions nécessaires pour mettre en oeuvre au mieux la prochaine phase des négociations avec l'UE et la stratégie de politique extérieure 2020-2023.
La nouvelle secrétaire d'Etat s'est quant à elle réjouie des défis à venir. A ses yeux, il existe une marge de manoeuvre dans les négociations avec Bruxelles, surtout si l'on fait preuve de créativité. Livia Leu a également souligné le rôle important que la Suisse joue dans la politique de paix.
Cheffe de mission en Iran
La Grisonne a été nommée dans le cadre d'une mise au concours publique parmi sept candidats. "C'est une diplomate expérimentée et solide, qui dispose de vastes connaissances dans la politique économique et extérieure", a loué Ignazio Cassis.
Après avoir obtenu une licence en droit et un brevet d’avocat du canton de Zurich, Livia Leu a rejoint le DFAE en 1989. Elle a exercé diverses fonctions à Berne et à l’étranger, notamment en tant que cheffe de mission en Iran. Elle a aussi été responsable des relations économiques bilatérales du Secrétariat d'Etat à l'économie.
ats/nr
Les partis réagissent, Bruxelles prend note
Le PLR, l'UDC et le PDC saluent la nomination de Livia Leu Agosti au poste de secrétaire d'Etat en charge des négociations avec l'Union européenne (UE) sur l'accord-cadre. Le PS et l'USS espèrent que cette nomination mènera à une meilleure prise en compte de leurs positions. Les Verts attendent une prise de position claire du Conseil fédéral.
La Commission européenne, par le biais de son porte-parole Eric Mamer, a fait savoir de son côté dans un tweet qu'elle prenait note de la nomination de Mme Leu. Elle réitère en outre son appel au Conseil fédéral de "prendre des mesures concrètes pour avancer sans délai sur la signature et la ratification" de l'accord-cadre.