Les hôpitaux romands font actuellement face à une recrudescence du nombre d'hospitalisations liées au Covid (lire encadré ci-dessous). Avec un nombre de patients ayant plus que triplé en un mois, passant de 20 à presque 70, les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) sont en alerte. Ils viennent d'ailleurs tout juste de réactiver leur plan d'action Covid au niveau un sur quatre.
Invité de La Matinale, ce jeudi, Bertrand Levrat exprime toute son inquiétude face à cette augmentation du nombre de cas et d'hospitalisations observés dans son canton qui reste l'un des plus touchés en Suisse.
"Certes je suis préoccupé. Mais l’anticipation dont nous faisons preuve nous permet d’être sereins pour apporter le meilleur service possible à l’ensemble des patients. Non seulement les patients du Covid mais tous les autres patients".
Au cas où la situation devait encore s'aggraver, les HUG ont augmenté de près de 400 le nombre de collaborateurs et collaboratrices, et de 100 le nombre de lits à disposition. L'objectif étant de limiter autant que possible le risque de devoir déprogrammer certaines opérations ou de perturber le fonctionnement général de l’hôpital à cause de l'épidémie. "Notre mission est de nous occuper de toutes les personnes qui en ont besoin. Toutes les vies ont la même valeur".
Un virus qui touche tout le monde
Depuis l'arrivée du virus à Genève, 1200 patients ont été hospitalisés aux HUG. Quelque 300 y sont décédés. "La moyenne d'âge des patients Covid est de 66 ans. Il y a des gens de 30 ans ou de 40 ans qui se retrouvent aux soins intensifs. Ceci nous montre que le coronavirus peut toucher tout le monde", insiste Bertrand Levrat.
Il rappelle que la condition qui permettra d'endiguer la progression de l'épidémie reste la discipline. "Comme tout le monde, j’en ai assez du Covid. J’aimerais bien passer à autre chose. Mais la réalité est que l’épidémie est en train de progresser fortement en Europe et en Suisse".
C'est pourquoi il est important, selon lui, de respecter les consignes des autorités, notamment en ce qui concerne les distanciations sociales. "Soyons solidaires les uns des autres parce que c’est nous qui faisons circuler le virus". Il salue d'ailleurs les mesures prises ce mercredi par les autorités genevoises d'interdire les rassemblements de plus de quinze personnes.
15 jours de battement
D'autant qu’il y a à peu près quinze jours à trois semaines de battement entre ce qui se passe aujourd’hui et ce qui se passera ensuite au niveau des hospitalisations. "Le risque, en effet, est que le nombre de patients admis chez nous augmente de manière significative dans les jours et les semaines à venir", déplore l'invité de La Matinale.
A noter qu'une cellule romande de coordination pour les patients Covid sera tout bientôt mise en place. L'objectif: faciliter les transferts de patients en cas de saturation des soins intensifs. "Pendant la première vague, nous échangions déjà beaucoup sur nos expériences", note-t-il, notamment avec le CHUV. "Chaque semaine, nous partagions déjà, nous partageons et nous partagerons encore, par exemple sur la question de l’approvisionnement et la capacité de faire face à cette pandémie".
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Mais pour le directeur des HUG, il est également très important d'observer ce qu'il se passe en France voisine, dans les hôpitaux d'Annemasse et d'Annecy notamment. Il ne faut pas oublier qu'avec la France voisine, "nous formons et nous fonctionnons comme une région".
Propos recueillis par Romaine Morard
Adaptation web: Fabien Grenon
Ailleurs en Suisse romande
Au CHUV à Lausanne, aucun plan renforcé n'a encore été mis en place. Vingt malades y étaient hospitalisés ce mercredi après midi.
A Fribourg, où aucun plan spécial n'a été activé non plus, une légère augmentation des hospitalisations a été enregistrée avec, comme à Lausanne, vingt malades, dont trois en soins intensifs. A noter que l'établissement fribourgeois est plein, mais que ce n'est pas dû uniquement au Covid: l'activité générale est très dense.
Du côté de Sion, l'augmentation en un mois est sensible: dix-huit malades du Covid étaient hospitalisés ce mercredi après-midi, dont trois en soins intensifs. L'hôpital du Valais se tient toutefois prêt à rehausser son plan d'action.
A Neuchâtel, vingt patients là aussi sont hospitalisés. Comme à Fribourg, l'hôpital est plein, en raison également d'une activité générale intense. L'hôpital neuchâtelois a toutefois précisé qu'il allait renforcer son dispositif dès lundi prochain.