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Blocher: "On m'a porté le coup final"

Christoph Blocher peine à convaincre hors de son fief zurichois.
Christoph Blocher pense que son éviction se tramait depuis longtemps
Quatre jours après son éviction du Conseil fédéral, Christoph Blocher s'est confié à la presse dominicale sur les coulisses du "putsch" de mercredi. Malgré ses rancoeurs, le chef de file de l'UDC refuse une opposition sans concession.

Dimanche dernier, en lisant les déclarations de parlementaires
PDC dans la presse, Christoph Blocher aurait tout de suite compris
qu'il ne serait pas élu: "J'ai téléphoné à Ueli Maurer pour l'en
avertir. Lui-même a appelé Eveline Widmer-Schlumpf qui lui a promis
qu'elle refuserait d'être élue", a affirmé l'ancien ministre de la
Justice dans une interview au .

Cette version des faits a été confirmée par la nouvelle
conseillère fédérale dans le : "Quand Ueli
Maurer m'a appelée mardi soir, je lui ai dit que je ne pouvais pas
m'imaginer de gouverner sans fraction et je peux aisément
comprendre qu'il ait pris cette réponse pour un non". Après la
décision du Parlement, Eveline Widmer-Schlumpf a ensuite dû faire
un choix cornélien: "Ca a été le choix le plus difficile de ma vie.
J'ai dû me demander ce qui allait se passer si je disais non. Il
n'y aurait alors eu peut-être plus qu'un seul représentant de l'UDC
au Conseil fédéral, Samuel Schmid, et il aurait été encore plus
isolé. N'est-ce pas mieux d'être deux et de représenter le parti
comme il le mérite?".

"Le peuple n'est pas dupe"

Pour Christoph Blocher, en élisant une candidature
non-officielle, le Parlement n'a clairement pas respecté la volonté
populaire : "Si l'UDC est devenue le plus grand parti de Suisse,
c'est aussi à cause de mon travail au gouvernement. Ceux qui m'ont
exclu n'ont qu'à se gargariser de concordance et de respect des
institutions, mais le peuple qui a suivi l'actualité n'est pas
dupe". L'ex-conseiller fédéral estime que son éviction n'est pas
seulement due à l'affaire Roschacher: "Elle a peut-être aidé. Mais
la fronde et le complot pour m'éliminer durent depuis bien plus
longtemps. Disons que c'était le coup final qu'on m'a porté".



A l'instar de son discours devant l'Assemblée fédérale jeudi
matin, Christoph Blocher a de nouveau menacé de dénoncer des
agissements secrets au niveau de la politique fédérale: "Ce n'est
pas tellement au Conseil fédéral qu'il y a des dysfonctionnements,
celui-ci est déjà assez surveillé. Il n'en est par contre pas de
même au Parlement. Je peux vous dire que je n'en ai pas fini avec
la commission de gestion qui a dû enquêter sur l'affaire
Roschacher".

Pas de blocage total

Le chef de file de l'UDC a toutefois affirmé dans la qu'il ne
pratiquerait pas une politique de blocage total. Il a ainsi déclaré
que "les blocages conduisent à une situtation désastreuse",
ajoutant qu'il ne voyait "aucun problème" à ce qu'il y ait une
sous-fraction au sein des parlementaires UDC qui se réunisse
régulièrement avec Samuel Schmid et Eveline Widmer-Schlumpf.
Christoph Blocher a donc pris ses distances avec Ueli Maurer, qui
avait affirmé la veille que toute personne qui ne suivait pas la
politique d'opposition devait se retirer du parti.



Selon le journal dominical, les parlementaires seraient divisés au
sein de la fraction UDC. Plusieurs députés proches de la mouvance
blochérienne se montrent ainsi critiques envers la stratégie et le
style d'Ueli Maurer. Les parlementaires UDC doivent se réunir mardi
pour des discussions sur la situation de l'"après-Blocher". Les
débats s'annoncent tendus.



swisstxt/jab

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"Blocher a été tout à fait correct"

Eveline Widmer-Schlumpf a déclaré dans la presse dominicale avoir pris sa décision jeudi peu après une heure du matin alors qu'elle n'arrivait pas à s'endormir. Une discussion déterminante avec Samuel Schmid aurait motivé le choix de la Grisonne d'accepter son élection.

Même si elle estime que le style agressif de la direction de l'UDC ne "correspond pas à ma manière de faire de la politique car je vis dans un canton où les minorités jouent un grand rôle", la nouvelle conseillère fédérale ne pense toutefois pas que les Grisons et les Bernois feront sécession au sein de l'UDC. Elle a également affirmé qu'elle avait été félicitée par Blocher, "qui a été tout à fait correct".

Les Suisses saluent l'éviction de Blocher

La majorité des Suisses saluent l'éviction de Christoph Blocher et l'arrivée d'Eveline Widmer-Schlumpf au gouvernement, selon un sondage publié dimanche par les journaux "Sonntag" et "Südostschweiz am Sonntag".

Près 60% sont soulagés devant la nouvelle donne politique contre 27%. De plus, 56% des sondés jugent que l'UDC fait fausse route en optant pour une politique d'opposition à tous crins tandis que 26% y sont favorables.

L'UDC avait obtenu pratiquement 29% des suffrages lors des dernières élections fédérales du 21 octobre. Le sondage a été mené du 13 au 15 décembre auprès de 765 personnes en Suisse alémanique et en Suisse romande.