Vendredi, samedi et dimanche, 8737 nouveaux cas de Covid-19 ont été répertoriés en Suisse, selon les chiffres de l'OFSP, soit près de 3000 par jour. C'est deux fois plus qu'il y a une semaine.
Certaines voix commencent toutefois à s'élever pour dénoncer le grand nombre de "faux positifs", c'est-à-dire de tests indiquant qu'il y a des traces de virus sur une personne qui n'est, en réalité, pas porteuse. Le conseiller national UDC Yves Nidegger évoquait ainsi dimanche dans Forum "des quantités de faux positifs, et parmi les positifs, beaucoup de personnes non contagieuses".
Pas de confusion avec d'autres virus
Les tests actuellement menés pour détecter le virus dans les échantillons prélevés sont de type PCR (pour Polymerase Chain Reaction), une technique de biologie moléculaire qui permet de dupliquer en grand nombre une séquence d'ADN ou d'ARN. En Suisse, la plupart des laboratoires utilisent des tests qui ciblent deux gènes différents, parfois trois, du SRAS-COV-2. La méthode PCR va amplifier la présence du matériel génétique du virus par des réactions en chaîne - jusqu'à 40 voire 50 cycles. Ainsi, même une quantité infime peut être repérée.
Or, comme le SRAS-COV-2 a des gènes communs avec d’autres coronavirus, le test pourrait en théorie les confondre. Mais selon Gilbert Greub, directeur de l'institut de microbiologie au CHUV, cela a été vérifié et n’est pas arrivé en pratique. Dès janvier, des tests pour le Covid-19 ont été effectués sur des patients qui étaient, eux, contaminés par un autre coronavirus responsable d'un rhume, pour voir si le test confondait les deux. Et il s'avère que le test ne s'est pas trompé: il n'y a eu aucun faux positif.
Nombreux positifs "forts"
Selon les microbiologistes, de tels cas sont très rares. Il peut y avoir une erreur en chemin, comme un échantillon mal prélevé ou une inversion entre deux tubes, mais le test, lui, est fiable. Pour le Covid-19, il est donc faux de dire qu'il y a beaucoup de faux positifs. En revanche, il y a différentes réalités derrière un test positif. Il ne permet par exemple pas de savoir si la personne porteuse a une charge virale importante, ou encore si elle sera asymptomatique. Certaines personnes positives vont davantage transmettre le virus, d'autres moins, d'autres encore pas du tout.
Les tests ont également été accusés d'être trop sensibles. Plus on amplifie certaines parties d'un gène, plus on va détecter de traces, même toutes petites, du virus. Mais là encore, il ne s'agit pas d'un faux positif.
De plus, selon Laurence Senn, infectiologue au CHUV, les patients testés actuellement sont, dans la très grande majorité, des positifs "forts", avec une charge virale non négligeable. Ils seraient positifs même avec un test moins sensible, ce qui permet de dire que la dynamique de hausse actuelle est bien réelle.
Alexandra Richard/vic