Entre le 1er janvier et le 30 septembre 2020, les premiers destinataires ont été le Danemark, l'Indonésie et l'Allemagne, selon les chiffres publiés mardi par le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO). L'équivalent de 415 millions de francs ont été exportés vers l'Europe. L'Asie suit (149 millions), puis l'Afrique (72 millions).
La liste des pays vers lesquels du matériel de guerre a été exporté comporte 76 pays. La marchandise y est "utilisée ou transformée, perfectionnée ou travaillée de quelconque manière avant une éventuelle réexportation", précise le SECO.
Le GSsA consterné
Ces chiffres ont fait bondir le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) et Terre des Hommes. "Le commerce de la mort est florissant", dénonce le GsSA. Malgré la crise liée au Covid-19, "le triste record en matière d’exportations d’armes de 2011 pour une valeur de 873 millions de francs pourrait être battu", s'alarme le groupe.
Comme c’est le cas depuis plusieurs années, poursuit le GSsA, la Suisse exporte des armes vers des pays engagés dans des conflits armés. Il pointe notamment du doigt l'Arabie saoudite, fortement impliquée dans la guerre au Yémen, qui a acheté du matériel de guerre pour 3,8 millions de francs. "Il est inadmissible que (...) la Suisse participe à l'une des plus grandes catastrophes humanitaires au monde et s’enrichisse grâce à celle-ci", estime-t-il.
Pour le GSsA, ces chiffres démontrent une fois de plus à quel point l'initiative dite "correctrice" est nécessaire. Ce texte veut interdire les exportations d’armes dans les pays en proie à la guerre civile et ceux qui violent gravement et systématiquement les droits de l'homme.
>> Lire à ce sujet : Les partisans de l'interdiction du commerce de guerre lancent leur campagne
Exportations vers le Brésil dénoncées
Les inquiétudes du GSsA sont partagées par Terre des hommes Suisse, qui cite l'exemple du Brésil, où la Suisse a exporté du matériel de guerre pour 18 millions de francs. Il règne dans les quartiers pauvres brésiliens des "situations de guerre", la violence armée et policière y augmente, écrit l'organisation. Elle appelle à dire oui le 29 novembre à l'initiative contre le commerce de matériel de guerre, qui veut interdire le financement des producteurs d'armes dans le monde.
ats/vic