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"Le port du masque pousse les gens à prendre des risques"

Les critiques contre les mesures face au coronavirus se multiplient: interview d’Antoine Hubert
Les critiques contre les mesures face au coronavirus se multiplient: interview d’Antoine Hubert / Forum / 7 min. / le 25 octobre 2020
Antoine Hubert, administrateur délégué du groupe de cliniques privées Swiss Medical Network, est l'une des voix critiques face à la gestion de la pandémie en Suisse. Il appelle les autorités à informer la population de manière exhaustive.

Dans une récente interview parue dans L'Illustré, Antoine Hubert dénonçait un climat anxiogène, estimant que les mesures allaient trop loin et qu'il fallait les cibler sur les personnes à risque.

Interrogé dimanche dans Forum, il précise que ce n'est pas tant les mesures qu'il critique, "c'est la manière dont tout ceci est fait et surtout qu'il y ait une grande différence entre la théorie et la pratique".

L'inutilité des quarantaines

"Si on prend par exemple les mesures de quarantaine, en théorie ce sont des choses qui fonctionnent mais en pratique - si vous laissez ouvertes les frontières (…), toute la démarche devient inutile (…) Il faut cibler d'autres mesures, et à mon avis une des principales mesures est une information exhaustive de la population, en étant très transparent, en montrant clairement quelle est la situation. Parce que, quand on crie au loup avant qu'on entende le loup, les gens ne prennent pas ça au sérieux".

Face à l'augmentation rapide des hospitalisations, Antoine Hubert relève qu'elle vient surtout du fait que les patients sont mieux pris en charge qu'au printemps. "Lors de la première vague, on disait aux gens de rester 14 jours chez eux, ils appelaient l'ambulance lorsqu'ils étaient dans un état désespéré et souvent n'ont pas survécu. Aujourd'hui, les gens vont à l'hôpital dès qu'ils ont des symptômes - je pense que c'est une bonne chose - et ils sont pris en charge. C'est une autre configuration qui, probablement, va charger plus de services dans les hôpitaux et peut-être un petit peu moins les soins intensifs que lors de la première vague".

L'obligation du masque contre-productive

L'administrateur délégué de Swiss Medical Network relève que la différence entre théorie et pratique s'applique aussi au masque de protection: "En théorie, c'est efficace en milieu hospitalier parce qu'il est porté par des gens qui savent comment le porter. Mais lorsque je vois la manière avec laquelle les gens utilisent leur masque, je pense que c'est au contraire un élément qui tend à les rassurer et qui les pousse à prendre des risques, à aller dans des endroits bondés, dans des fêtes, des restaurants… Et donc je pense que c'est contre-productif."

Critique également face à la gestion de la crise par les cantons, Antoine Hubert souhaiterait que le Conseil fédéral reprenne le dossier. "Lors de la première phase, on avait une communication et une stratégie uniques - justes ou fausses (…), mais au moins il y avait une information régulière et claire, et il y avait une confiance qui s'était instaurée entre la population et le Conseil fédéral. La population suivait les recommandations et il n'y avait pas besoin d'interdire. Aujourd'hui la population, en plus d'être fatiguée par cette épidémie, perd confiance parce qu'elle entend des informations et des mesures diverses et variées".

Les effets à court terme d'un reconfinement

Antoine Hubert n'est pas opposé à un reconfinement partiel sur le court terme, mais doute du résultat et redoute les conséquences.

"On entre dans une période d'hiver, dit-il, et le virus est dans son élément, avec la baisse des températures la population rentre et s'enferme. Donc je pense qu'un confinement aurait des effets économiques désastreux, des effets sanitaires à court terme, et cela reprendrait de toute façon au moment où le confinement serait relâché".

Propos recueillis par Thibaut Schaller/oang

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La passivité du Conseil fédéral dénoncée par certains élus à Berne

Alors que le Conseil fédéral doit à nouveau examiner la situation mercredi - et annoncer peut-être de nouvelles mesures - de plus en plus de voix politiques s'élèvent aussi pour critiquer sa passivité face à la pandémie.

Plusieurs conseillers nationaux demandent également que le gouvernement prenne ses responsabilités.

>> Voir le sujet du 19h30 :

La passivité du Conseil fédéral est dénoncée alors que la deuxième vague du virus a commencé
La passivité du Conseil fédéral est dénoncée alors que la deuxième vague du virus a commencé / 19h30 / 2 min. / le 25 octobre 2020