Si l'on interdisait ces financements, notamment par la Banque nationale suisse (BNS) et les caisses de pension, on restreindrait fortement les possibilités d’investissement de ces dernières, affirme le Conseil fédéral.
Une vision que ne partage pas Vincent Kaufmann, directeur de la fondation Ethos pour l’investissement responsable, qui représente 230 institutions de prévoyance. Pour lui, les producteurs de matériel de guerre ont une place marginale dans le portefeuille des caisses, et dans les indices boursiers auxquels elles se réfèrent.
2% de l'indice
"Si on prend l’indice mondial MSCI qui comprend 1600 sociétés, cela concerne environ 40 sociétés (actives dans la production de matériel de guerre, ndlr.), c'est-à-dire moins de 2% de l’indice. Exclure ces sociétés n’implique pas un grand écart de performance par rapport à l’indice. Cet écart de performance est très faible, parfois vers le haut, parfois vers le bas", explique le responsable. "Cela ne nous paraît pas être un coût insurmontable, et ce texte nous paraît absolument raisonnable dans sa mise en œuvre", conclut-il.
L’interdiction se traduirait tout de même par une augmentation des frais de gestion, à en croire Yves-Marie Hostettler, représentant romand de l'Association suisse des institutions de prévoyance. "C’est le fait que chaque caisse de pension devra contrôler, surtout lorsqu’elle fait des placements à l’étranger. Il faudra des solutions d’investissement sur mesure, donc des impacts sur les coûts et la gestion, et donc inévitablement aussi sur la performance nette qui est nécessaire pour le financement des prestations qui sont promises aux assurés et aux pensionnés", explique-t-il.
Libre régulation
Le représentant des caisses insiste: beaucoup d’entre elles ont déjà exclu les investissements que l’initiative veut proscrire. Mais la branche ne veut pas d’une interdiction généralisée. Son message: l’investissement durable s’impose doucement dans les portefeuilles. Il faut laisser cette responsabilité aux caisses.
Guillaume Meyer/kkub