Les mesures sont censées réduire une partie des coûts - près de
20 milliards de francs générés chaque année par le manque
d'exercice et une mauvaise alimentation, le tabagisme ou
l'alcoolisme.
"Pas de paranoïa"
La philosophie qui soutend l'exercice à 20 millions de francs
peut être traduite ainsi: «pas besoin d'être paranoïaque et de
mettre tout le monde sous tutelle», a prévenu d'emblée Pascal
Couchepin. Il s'agit de trouver un équilibre entre avoir une bonne
hygiène de vie et savoir se faire plaisir, d'après le
Valaisan.
Le programme national Alcool vise en particulier à diminuer
l'ivresse ponctuelle chez les jeunes ainsi que la consommation
chronique chez les plus âgés. On évalue à près de 300'000 le nombre
de personnes alcoolodépendantes ou courant un risque important de
le devenir en Suisse. Chaque jour, cinq jeunes sont hospitalisés en
raison d'un problème d'alcool, s'est inquiété Pascal
Couchepin.
Le but est de parvenir, d'ici quatre ans, à réduire de 10% le
nombre de 15 à 24 ans consommant 4 à 5 verres deux fois par
semaine. Il s'agit de diminuer d'autant le nombre
d'hospitalisations dans cette catégorie d'âge. En clair, le nombre
de jeunes admis dans des hôpitaux devrait passer d'environ 1900 par
an à 1700 en 2012.
Pas de nouvelles lois
Parmi les buveurs plus âgés, le programme tend à réduire la part
de 5%. Dans ce domaine, le Conseil fédéral veut se contenter d'une
application plus stricte des lois. Il n'est pas nécessaire de
proposer de nouvelles réglementations du marché, pour lui.
Exit donc les restrictions de vente le soir, une hausse des impôts
sur l'alcool ou un relèvement de l'âge pour l'achat de boissons
alcoolisées. L'efficacité de ces mesures, appliquées dans certains
cantons, sera néanmoins évaluée, a assuré le ministre de la
Santé.
Durcissement côté tabac
La Confédération entend en revanche se
montrer plus stricte en matière de tabac. Une nouvelle hausse des
prix se dessine: le Conseil fédéral va en discuter encore cette
année, selon Pascal Couchepin.
Pas question cependant d'articuler des chiffres. Il s'agit de
relever suffisament les prix pour qu'un effet disuassif se fasse
sentir tout en évitant de susciter la contrebande ou les achats à
l'étranger. Le «paquet à 10 francs ne m'effraie pas pour autant que
les pays voisins le vendent à 11 francs», a lancé le radical.
Le programme de prévention contre le tabac veut réduire la part
d'adeptes de l'herbe à nicot de 29% de la population à 23% en 2012.
Chez les 14 à 19 ans, le but est de passer d'un fumeur sur quatre à
un sur cinq. Quant aux personnes exposées à la fumée des autres
pendant sept heures ou plus par semaine, elles devraient passer de
27 à 5%.
Malgré le peu d'interventionnisme du paquet de mesures, Pascal
Couchepin a assuré ne pas avoir été influencé par les campagnes
récentes: des milieux économiques ont taxé le directeur de l'Office
fédéral de la santé, Thomas Zeltner, de «taliban» de la prévention.
«Au contraire, ce genre d'attitude aurait plutôt tendance à me
faire prendre le contre-pied». Mais avec l'âge, on devient plus
calme, a-t-il conclu.
ats/cer
Programme VIH prolongé de deux ans
Le programme national VIH et sida sera reconduit pour deux ans, a également annoncé le Conseil fédéral.
Le but est de maintenir l'effort de prévention alors que le nombre de nouvelles infections ne baisse pas en Suisse.
Le Conseil fédéral devrait décider de la suite d'ici la fin de l'année.
La prolongation de deux ans permettra de tenir compte des conclusions d'une évaluation externe du programme et des résultats de l'Enquête suisse sur la santé 2008 pour élaborer les nouvelles mesures.
La Suisse peine à juguler le nombre d'infections. Plus de 700 nouvelles contaminations ont été enregistrées l'an dernier, comme en 2006.
Toutes les semaines, deux personnes meurent encore du sida en Suisse.
L'obésité aussi en ligne de mire
Le programme axé sur l'alimentation et l'exercice physique veut quant à lui s'attaquer au fait qu'un enfant sur cinq et un adulte sur quatre sont en surpoids en Suisse.
Environ 30% de la population ne mange pas assez de fruits et de légumes.
La Confédération va mettre sur pied une plate-forme pour définir les mesures à prendre.
Les acteurs concernés devront par exemple examiner l'harmonisation de l'indication de la valeur nutritive des aliments.
Un système de monitorage permettra en outre de collecter les données manquantes et de mieux cibler l'action.