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Albisgüetli: Christoph Blocher en vedette

La "retraite" de Christoph Blocher fait encore parler d'elle
Ch.Blocher a posé ses conditions aux accords bilatéraux
Galvanisé par un public chauffé à blanc, Christoph Blocher s'est posé en héros de son parti vendredi lors de la 20e réunion de l'Albisgüetli à Zurich. Il a annoncé de possibles référendums contre les futurs accords avec l'UE.

La traditionnelle réunion de l'UDC zurichoise de l'Albisgüetli,
dans la Salle des Tireurs au pied de la colline de l'Uetliberg,
fêtait hier sa 20e édition. Qualifiée par Christoph Blocher
lui-même de l'un des «secrets de la réussite du parti», cette
réunion a souvent été l'occasion de lancer de nouvelles idées.

Provocations, traits d'humour ou de méchanceté, selon
l'interprétation qu'on en fait, sont les ingrédients de la
rencontre. Souvent, Christoph Blocher raconte des anecdotes en
mimant des dialogues avec des interlocuteurs, par exemple des
conseillers fédéraux, proférant des «bêtises».



Au rayon moqueries, le Zurichois a suscité un tonnerre de rires et
d'applaudissements en déclarant: «L'administration fédérale m'a
assuré que si je mourais en tant qu'ancien conseiller fédéral,
j'aurais droit à au moins deux conseillers fédéraux et à deux
huissiers à mon enterrement. Dans ces circonstances, je vais tout
faire pour mourir après le départ des sept conseillers fédéraux
actuels !»

Suisse indépendante

La réunion de vendredi soir était attendue comme l'échéance où
le tribun annoncerait comment il entendant concrètement mener sa
politique d'opposition. «Nous continuons comme avant», a annoncé le
conseiller fédéral destitué, «mais à un autre endroit et avec
d'autres moyens.»



Principaux combats détaillés: la lutte contre les hausses des
«prélèvements obligatoires» tels que TVA et cotisations sociales
sur les salaires, la politique d'asile et des étrangers et
l'indépendance de la Suisse, une cause pour laquelle «l'UDC dans
l'opposition doit se battre encore plus énergiquement
qu'avant».



Ainsi, sur l'extension de la libre-circulation des personnes aux
nouveaux Etats-membres bulgares et roumains, Christoph Blocher
annonce que son parti la combattra si, entre plusieurs conditions,
un délai supplémentaire de cinq ans pour la période transitoire
n'est pas accepté. Il exige aussi des accords de réadmission pour
les ressortissants criminels des nouveaux Etats-membres. «Demandez
donc aux Italiens s'ils auraient envie de signer un accord de libre
circulation avec la Roumanie !» a-t-il lancé.

Les moutons noirs

Plus tard, s'éloignant de sa version écrite, il a repris
l'exemple des «Roms, réglé en Suisse, comme m'a félicité un
Roumain, parce qu'on les renvoie, tandis que l'Italie les garde».
Au passage, Christoph Blocher a plaidé pour l'initiative de son
parti pour l'expulsion des étrangers criminels, «les moutons
noirs», a-t-il dit.



De toute façon, exige le futur vice-président de l'UDC: «Les
accords sur la libre-circulation et sur l'électricité doivent être
refusés si l'UE ne renonce pas une fois pour toutes à ses exigences
quant à nos lois fiscales !». La politique d'opposition, a défini
Christoph Blocher, «c'est amener la lumière dans la nuit de
l'incompétence et de la négligence. Si cette lumière manque, le
copinage, les arrangements, les combines et la corruption
s'installent.»



Comme Ueli Maurer une semaine plus tôt, Christoph Blocher a aussi
annoncé que son parti investirait des thèmes jusqu'ici peu traités
par l'UDC. Il a à nouveau plaidé pour une refonte complète du
système scolaire. La politique énergétique sera également un
nouveau cheval de bataille.



ats/bri

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Critique contre la retransmission live

L'association pour un usage critique des médias Arbus et le PS critiquent la retransmission en direct du discours de Christoph Blocher vendredi soir à l'Albisgüetli de Zurich. La directrice de DRS 4, Lis Borner, justifie la décision de la chaîne.

La retransmission «live» sur DRS 4 est un «dérapage», estime Arbus Suisse. Ce faisant, une chaîne de la SSR se place «au service de la propagande de l'UDC» et soutient ses objectifs de façon unilatérale, écrit l'association dans un communiqué vendredi. En outre, cette décision pourrait encourager les autres partis à exiger la pareille.

Le Parti socialiste fustige aussi la retransmission «live». Que deux chaînes de la SSR - DRS 4 et SF TV, l'émission «Arena» étant également consacrée vendredi soir à Christoph Blocher - offrent «une telle plateforme» à l'UDC n'est pas acceptable, estime le secrétaire général Thomas Christen, confirmant un article du «Tages Anzeiger».

Lis Borner, directrice de la rédaction de DRS 4, explique qu'un des objectifs de la chaîne est de retransmettre en direct des «événements clés» et de les commenter. Cela vaut pour la politique, tous partis confondus, l'économie et le sport.

Jeudi, le PDC, le PRD, le PS et les Verts ont décliné l'invitation à participer à l'émission «Arena» consacrée à l'UDC car «ils ne veulent pas offrir une plateforme à Christoph Blocher». Depuis la destitution de Christoph Blocher le 12 décembre, l'émission a été boycottée deux fois par l'UDC.

Fumée épaisse

Lors du discours de Christoph Blocher, une fumée épaisse a semé une certaine inquiétude. L'ancien conseiller fédéral s'est brièvement interrompu et a décidé de continuer, déclenchant un tonnerre d'applaudissements.

Après une petite minute, une "panne technique" a été annoncée. Les fenêtres ont été ouvertes et la fumée s'est peu à peu dissipée.

"Quelqu'un de notre équipe a vu une personne lancer le fumigène depuis l'extérieur", a corrigé postérieurement Barbara Steinemann, présidente du comité d'organisation.