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SIG: confusion sur les déchets napolitains

L'usine de Cheneviers à Genève.
L'usine de Cheneviers accueillera-t-elle les déchets napolitains?
La confusion régnait lundi à propos du projet de traitement des déchets napolitains à Genève. Alors que Naples affirme n'avoir jamais négocié avec les autorités genevoises, les SIG disent traiter avec des intermédiaires.

"C'est une blague", a lancé le président de l'Agence d'hygiène
environnementale de la commune de Naples (ASIA), Pasquale Losa,
commentant l'intention des Services industriels de Genève (SIG)
d'accueillir des déchets napolitains, qui s'accumulent dans le
chef-lieu de la Campanie en raison de graves dysfonctionnements
dans le processus de ramassage.

L'idée d'exporter des déchets vers Genève a été évoquée lundi
lors d'une conférence de presse à Naples par Eric Stauffer,
président du Mouvement citoyens genevois (MCG), qui conteste le
projet des SIG. Présent lors de cette rencontre avec les médias, un
représentant de l'ASIA, Aldo Amitrano, a qualifié ce projet
"d'hypothèse infondée", selon l'agence italienne Ansa.

Pas un scoop

Dans un communiqué publié peu après, la commune de Naples a
affirmé "n'avoir jamais pris contact avec les autorités cantonales
de Genève pour exporter en Suisse des quantités plus ou moins
grandes de déchets". Pasquale Losa a ajouté qu'à sa connaissance la
seule solution envisagée par Gianni de Gennaro, le commissaire
dépêché par Rome pour tenter de régler la crise, est une
exportation vers l'Allemagne.



"Pour nous, ce n'est pas un scoop", a commenté Christian Brunier,
directeur de la communication des SIG, contacté par tsr.ch. Il est
normal que les autorités de Naples ne soient pas au courant du
projet genevois car "nous ne négocions pas directement avec elles",
a précisé le responsable de la régie publique autonome.



Les SIG sont en contact avec des intermédiaires, à savoir deux
entreprises spécialisées dans le transport d'ordures: ACTS, filiale
des CFF, et Remondis, société allemande qui s'occupe de déchets
italiens depuis environ six ans, a précisé Christian Brunier. "Il
est possible que Naples ne sache pas que ses déchets s'arrêteront
en Suisse", a-t-il ajouté.

Négociations à bout touchant

Les SIG devraient signer le contrat d'importation prochainement.
Des contrôles stricts de la qualité des ordures seront opérés, a
promis Christian Brunier. Les déchets devront notamment être
"frais". L'accord, une fois sous toit, sera soumis au canton de
Genève et à la Confédération. Les premiers déchets napolitains
pourraient arriver à Genève d'ici un à deux mois, a affirmé le
responsable.



Selon Ansa, des négociations pour le traitement des déchets
napolitains sont en cours avec des usines allemandes, qui doivent
présenter une offre pour la prise en charge de 180'000 tonnes de
déchets. Cette semaine est qualifiée de "cruciale" pour arriver à
un éventuel accord.



ats/kot

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Tensions politiques

Fin février, le conseil d'administration des Services industriels de Genève (SIG) avait donné son feu vert pour le traitement à l'usine des Cheneviers (GE) d'une partie des déchets napolitains. Cette décision a fait passablement de remous dans les milieux politiques du canton du bout du lac.

Même si le gouvernement genevois n'a officiellement pas pris position dans cette affaire, le conseiller d'Etat écologiste Robert Cramer, dont le département chapeaute les SIG, s'est montré favorable à cette solution, qui se justifie à ses yeux tant sur le plan écologique qu'économique.

L'usine d'incinération des Cheneviers se trouve en effet en situation de surcapacité. L'importation de déchets de l'étranger empêcherait la fermeture d'un four et sauvegarderait plusieurs dizaines d'emplois. Un argumentaire que le conseiller administratif de la Ville de Genève Pierre Maudet rejette.

La "qualité" des déchets napolitains est également fortement remise en cause. La présence de produits radioactifs dans les poubelles italiennes avait été évoquée. Les SIG, par la voix de leur porte-parole, dénoncent des "fantasmes" alimentés par des visées politiques.

Accord "politique" avec l'Allemagne

L'Italie a confirmé lundi vouloir acheminer des déchets napolitains en Allemagne, avec laquelle un accord "politique" a été trouvé. "Nous attendons des offres de sociétés allemandes", a indiqué une porte-parole du commissaire extraordinaire Gianni de Gennaro, dépêché par Rome pour tenter de régler la crise.

Aucune négociation n'est en revanche en cours en vue d'un acheminement en Suisse, a insisté la porte-parole. Elle n'était pas au courant d'éventuels accords de sous-traitance visant à acheminer une partie des détritus en Suisse. Une autorisation des autorités politiques suisses serait nécessaire, selon elle.

A Naples, la situation sur le front des déchets reste critique. Les services municipaux de la ville italienne ont indiqué lundi que quelque 2300 tonnes de déchets s'entassaient dans les rues de la ville italienne.