A l'origine, ces directives avaient été élaborées au printemps, mais n'avaient pas été appliquées grâce à l'augmentation des capacités en hôpital. Pour Aglaé Tardin, médecin cantonale du canton de Genève, un tri renforcé à l'entrée des soins intensifs semble toutefois inévitable face à cette deuxième vague.
"Le tri se fait de manière progressive. On sait qu'il va rester quatre lits, puis trois, deux, un... comme avec les respirateurs. On fait en fonction de ça, on réadapte en permanence. Des directives sont établies, le personnel des soins intensifs et des urgences les connaissent. Ils doivent pouvoir y faire référence tout de suite si un tri s'impose, quel que soit le jour ou l'heure", indique-t-elle lundi dans La Matinale.
Pronostic vital
Concrètement, il s'agit de privilégier les malades avec le meilleur pronostic vital, comme l'explique Samia Hurst, vice-présidente de la Task force scientifique de la Confédération. Elle participe à l'actualisation de ces directives pour le tri des patients.
"Si vous avez un Covid-19 et que vous avez une forme suffisamment grave pour que vous ne puissiez pas survivre en dehors des soins intensifs, on va vous admettre dans l'unité si vos chances de vous en sortir sont suffisantes. Et si vos chances de vous en sortir ne sont pas suffisantes, on va donner cette place à quelqu'un d'autre qu'on aurait plus de chance que vous de sauver. En d'autres termes, c'est le pronostic à court terme qui va être déterminant", explique la bio-éthicienne.
Ces procédures strictes devront permettre aux soignants de faire face ces prochaines semaines et les aider dans leurs prises de décisions.
Sophie Iselin/gma
Des patients héliportés
La conseillère d'Etat genevoise Anne Emery-Torracinta assure que "l'heure est grave" alors que le canton durcit ses mesures lundi soir.
"Les hôpitaux arrivent pratiquement à saturation, avec des personnes qui vont devoir être héliportées dans d'autres cantons, avec d'ici quelques jours la nécessité de devoir opérer un tri, de faire des choix entre les patients, ce qui est absolument dramatique", déplore-t-elle.
"Nous devons de toute urgence prendre des mesures. Nous n'avons pas le choix. Nous faisons appel à l'esprit civique de la population pour casser cette courbe exponentielle. Si nous n'y arrivons pas, il y aura plus de décès, et pas seulement dans les personnes dites à risque, mais aussi chez des plus jeunes qui par hypothèse n'auraient pas été suffisamment bien soignés", alerte Anne Emery-Torracinta.