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Christian Levrat prend la tête du PS

Le nouvel élu Christian Levrat promet de bousculer le PS.
Des roses rouges pour le nouvel homme fort du PS.
Le congrès extraordinaire du PS samedi à Bâle s'est donné une nouvelle équipe dirigeante avec le Fribourgeois Christian Levrat à la présidence. Après la défaite de 2007, le PS veut gagner les élections fédérales de 2011.

L'élection de Christian Levrat n'a été qu'une formalité, il
était le seul candidat pour succéder à Hans-Jürg Fehr. Le congrès
ayant accepté une révision des statuts, il a désormais à ses côté
quatre vice-présidentes et un vice-président.

Les cinq vice-présidents sont les conseillères nationales
argovienne Pascale Bruderer, tessinoise Maria Carobbio, zurichoise
Jacqueline Fehr, bâloise Silvia Schenker et le conseiller national
valaisan Stéphane Rossini.

Pire revers électoral

«Nous avons enregistré en octobre dernier le pire revers
électoral de l'après-guerre», a déclaré Christian Levrat. Il a
appelé les socialistes à relever la tête et à s'engager pour
stopper la chute du parti et «gagner les élections de 2011».



Pour y parvenir, le PS doit être fidèle à ses valeurs, a déclaré
Christian Levrat. Il doit se battre pour une Suisse reposant sur la
justice sociale, une politique climatique au service de l'humain et
l'ouverture au monde et à l'Europe.



Le Fribourgeois a pris l'engagement devant le congrès «d'évaluer
les conséquences sociales de chaque projet». «Je soutiendrai ceux
qui nous permettrons d'avancer vers plus d'égalité et de
solidarité».

Non au démantèlement

Mais il a aussi prévenu qu'il combattra «avec la dernière
vigueur tout projet de démantèlement et toute atteinte aux
principes d'égalité, de justice et de solidarité». Le nouveau
président est aussi d'avis que le parti doit intervenir dans trois
domaines: le logement, l'agriculture et la santé.



Pour la santé, l'objectif de Christian Levrat est d'empêcher «M.
Couchepin et ses amis assureurs de privatiser notre système de
santé». S'agissant de l'Europe, il a insisté sur le fait que la
libre ciculation «ne se fera pas sur le dos des travailleurs. Le PS
«luttera sans concession pour un renforcement conséquent des
mesures de contrôle».

«La mère de toute les batailles»

La conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey s'est montrée tout
aussi combative. «La mère de toutes les batailles est le combat
contre les inégalités», a-t-elle déclaré en incitant le PS à être
plus proche des préoccupations des citoyens. Elle a critiqué la
mondialisation qui ne bénéficie pas à tous de la même
manière.



La conseillère fédérale a dénoncé «ceux qui gagnent des bonus
indécents» alors qu'il y a en Suisse des citoyens qui voient leur
revenu fondre. Elle s'en est aussi prise à ces «banques qui perdent
des milliards et dont les présidents restent en place» alors que le
patronat flexibilise toujours plus les relations de travail aux
dépens des employés.

Adieux de H-J.Fehr et P-Y.Maillard

Dans son discours d'adieu, l'ancien président Hans-Jürg Fehr a
appelé les socialistes à préserver l'héritage du mouvement ouvrier.
Il a critiqué ceux qui à l'intérieur du parti «prennent plaisir à
se distancer officiellement des syndicats». C'est une attitude
«suicidaire», selon lui.



L'ancien président a aussi appelé le parti à avoir des «visions»,
comme le PS en a eu en 1918 avec l'AVS et le vote des femmes. La
«grande vision» du PS doit être la démocratisation du pouvoir
économique». Le discours de Hans-Jürg Fehr a été salué par une
longue ovation debout.



Pierre-Yves Maillard a aussi fait son dernier discours de
vice-président. «Je m'en vais sans amertume, sans fatigue et plein
d'espoir», a-t-il déclaré. Son seul regret est la défaite du parti
aux fédérales. D'abord grisé par des succès en début d'année, le PS
a oublié de passer à l'offensive à l'approche des élections, a
analysé le Vaudois. Le PS doit «s'engager à fond» à chaque échéance
et dire les choses plus clairement, a-t-il ajouté.

Un triple le non le 1er juin

A la fin du congrès extraordinaire, les délégués ont encore
recommandé à l'unanimité de dire non aux trois objets soumis à
votation populaire le 1er juin. Le PS dit ainsi non à l'initiative
de l'UDC «pour des naturalisations démocratiques», non à
l'initiative «muselière» de l'UDC et non encore à l'article
constitutionnel sur la santé élaboré comme contre-projet à une
initiative de l'UDC.



Par ailleurs, le PS a présenté samedi un sondage non représentatif
réalisé auprès de ses militants. Selon cette enquête, sa campagne
pour les élections fédérales de 2007 s'est trop concentrée sur
l'UDC et Christoph Blocher. Elle relève aussi que le parti s'est
trop peu préoccupé de sujets d'actualité comme la sécurité ou la
politique des étrangers.



La majorité des militants (63%) estime que le PS ne s'est pas
assez engagé sur les questions sociales. Pour 56%, il n'est pas
assez proche des préoccupations des citoyens. A l'avenir, les
militants estiment que le parti doit réagir plus rapidement à
l'actualité (82%). Ils trouvent que le PS agit «trop
intellectuellement» et doit utiliser un langage plus simple.



ats/tac

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Christian Levrat, syndicaliste fonceur

Le passé de syndicaliste et le côté "fonceur" du nouveau président du PS ne seront pas de trop pour redresser la barre du parti à la rose, lourdement défait lors des dernières élections.

A bientôt 38 ans, Christian Levrat fait partie de cette nouvelle génération de syndicalistes qui n'hésitent pas à lancer des préavis de grève ou participer à des actions de blocage, quitte ensuite à accepter un "bon" compromis. Mieux vaut donner aux gens les moyens de se battre pour atteindre un minimum acceptable et d'en être fier, lance-t-il.

Il le dit tout de go, sa première tâche de président sera de faire en sorte que tous les socialistes redeviennent fiers de leurs idées et de leur appartenance à un parti, qui soit plus un "mouvement social" qu'une "machine à élire".

Ce passage à un militantisme plus combatif risque de susciter des méfiances, voire des résistances au sein du parti, notamment de son aile libérale. Il répète toutefois que "le parti a différents courants et tous doivent se faire entendre".

Cinq vice-présidents au lieu de 2 ne seront pas de trop pour l'épauler dans la tâche qui l'attend. Mais l'homme affirme apprécier les "séances mouvementées" et promet de ne pas dis simuler les débats internes dans le but de stimuler militants et médias.

Juriste et titulaire d'une maîtrise en sciences politiques acquise à Leicester (GB), Christian Levrat commence son parcours professionnel à Caritas avant de travailler pour l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés.

Ce n'est qu'en 2001 qu'il entre au Syndicat de la communication comme secrétaire central. Président depuis 03, il compte quelques belles victoires à son actif comme celle d'avoir poussé La Poste à retirer son plan de réorganisation des centres de tri.

En politique, sa carrière décolle réellement en 2003 lorsqu'il accède à la présidence de la Constituante fribourgeoise et qu'il est élu au Conseil national. Sa participation active au "plan" qui a fait tomber Christoph Blocher confirme son sens stratégique.