"Certains cantons refusent des patients qui viennent d'autres cantons surchargés. Ils ne jouent pas le jeu", a déploré le conseiller fédéral Alain Berset, lors d'un point presse mercredi.
Selon des informations de la RTS, le ministre faisait notamment référence à une demande de transfert des Hôpitaux universitaires genevois (HUG) auprès de leur homologue zurichois (USZ), mardi soir. Ce dernier a refusé de le prendre en charge tout de suite, alors qu'il disposait encore d'une centaine de lits libres en soins intensifs.
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Un refus rapporté mercredi au Conseil fédéral par le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia. C'est seulement dans l'après-midi que l'USZ a accepté la prise en charge du patient. Celui-ci a toutefois fini par rester à Genève à la suite d'un malaise survenu peu avant son transport par hélicoptère.
Ce cas n'est pas isolé. L'Hôpital fribourgeois (HFR) a lui aussi connu des frictions avec des établissements zurichois, mais aussi bernois, selon la RTS. Son directeur Marc Devaud évoque des discussions "vives" avant que les situations ne se résorbent.
A l'inverse, le CHUV, qui a envoyé deux malades à Berne, parle d'un transfert qui s'est "parfaitement bien déroulé".
Vers une coordination entre les hôpitaux
Face à la hausse de transferts, les responsables des cinq hôpitaux universitaires suisses se sont entretenus jeudi en visioconférence pour établir une meilleure coordination. Les HUG ont d'ailleurs indiqué avoir transféré trois patients en Suisse alémanique, dont deux à l'UniSpital de Zurich et un l'Insel Spital de Berne.
Actuellement, les transports de patients se discutent entre les établissements médicaux. En Suisse romande, cela passe également par une cellule de coordination. Celle-ci souligne d'ailleurs le bon fonctionnement dans la prise en charge des malades.
Une autre plateforme de coordination vient également d'être créée à l'échelle fédérale. Supervisée par l'armée, elle mandate la Rega pour le transfert de patients par hélicoptère. Cette cellule n'a toutefois pas encore été activée, indique l'armée, précisant que les cantons n'y ont pas encore fait appel.
Opérations non urgentes et pertes financières
Pour rappel, la Loi Covid-19 votée par le Parlement cet automne stipule que les cantons doivent s'entraider. Elle indique également que ces derniers sont responsables de la gestion de leurs hôpitaux. La Confédération ne peut donc pas les obliger à accueillir des patients infectés par le coronavirus d'autres cantons. Ni obliger les hôpitaux à cesser les opérations électives pour libérer des lits et du personnel de soins intensifs.
Pourtant, lors de son intervention mercredi, Alain Berset a appelé les hôpitaux à renoncer aux opérations dites "électives", ou non urgentes. Lors de la première vague de la pandémie, les établissements avaient dû suspendre ces interventions durant plusieurs semaines, ce qui avait engendré de lourdes pertes pour les cantons. Or, ils n'ont, jusqu'ici, pas reçu d'aide financière de la Confédération.
C'est pourquoi, certains hôpitaux alémaniques des régions moins affectées par le coronavirus rechignent à cesser ces activités.
Mathieu Henderson et Fabrice Gaudiano