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Des solutions émergent pour éviter de tuer les poussins mâles en Suisse

L'enjeu du "sexage" des œufs pour éviter de tuer les poussins mâles
L'enjeu du "sexage" des œufs pour éviter de tuer les poussins mâles / 19h30 / 3 min. / le 6 novembre 2020
Chaque année en Suisse, 2,5 millions de poussins mâles sont tués car ils ne produisent pas d’œufs et pas assez de viande. Des projets sont en cours pour trouver une alternative qui pourrait mener à la fin de ce sacrifice.

Un projet pilote de la Migros pourrait bien être un premier pas vers la fin de l’abattage des poussins mâles. Alors qu'ils sont habituellement triés et tués à la naissance, les poussins mâles n'ont cette fois-ci même pas vu le jour.

C’est une nouvelle technologie appelée le sexage des œufs qui a rendu cela possible. A 9 jours, alors que l’embryon est à peine formé, un petit prélèvement permet de déterminer le sexe du futur poussin et d'écarter les œufs mâles avant même l’éclosion. Actuellement, une seule machine existe dans le monde, en Hollande.

Leurs œufs pourront être trouvés à Genève et Zurich dès le 16 novembre, puis dans tout le pays en juin prochain, avec un surcoût de 15 à 30%.

"La réaction des consommateurs va être décisive pour voir si la branche va investir. C'est ce qu'on souhaite pour développer des machines en Suisse", a expliqué au 19h30 Tristan Cerf, porte-parole de la Migros.

Une méthode qui doit faire ses preuves

Mais pour le président de la branche, la méthode doit encore faire ses preuves, car trier des œufs est moins efficace que trier des poussins. Et jusqu’à 10% de coqs peuvent se retrouver parmi les poules, consommant inutilement de la place et de la nourriture.

"Si on solutionne l'issue du poussin mais qu'on crée d'autres problèmes qui peuvent être liés au climat ou aux émissions, c'est peut-être pas juste, on ne peut pas seulement se baser sur des émotions pour prendre des décisions", estime Daniel Würgler, Président de Gallo Suisse.

Une alternative bio

La filière bio étudie une autre alternative. Dans un élevage à Malans, dans les Grisons, les frères des poules pondeuses ne sont pas tués à la naissance, mais élevés pour leur viande.

"Là on a un frère coq et là un poulet classique d’engraissement. On voit que le frère est environ à moitié plus petit que le poulet, et aussi à moitié plus léger", explique Roman Clavadetscher, agriculteur bio.

Pour cet éleveur, tuer des animaux à la naissance est une aberration. Il est convaincu de sa démarche, même si financièrement, cela demande quelques arrangements.

"Je suis un des rares parce que pour faire ça, on a besoin des consommateurs. Cet élevage n’est pas rentable en soit, il faut des acheteurs qui paient. Avec ce programme, le consommateur paie 4 centimes de plus par œuf pour financer l’élevage des coquelets", poursuit Roman Clavadetscher.

Au consommateur de choisir

En Suisse, ils ne sont pour l’heure que 5 à suivre ce modèle. Une niche, mais qui trouve son public grâce à la vente directe et à quelques grands chefs de la région.

La Suisse pourrait donc bien faire partie des pionnières en sortant d’ici quelques années du système d'éradication des poussins mâles. Les solutions existent, au consommateur de décider s’il souhaite les adopter.

Céline Brichet et Jacque Méry/asch

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