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La 2e vague de Covid-19 provoque déjà une forte surmortalité en Suisse

Depuis un mois, on observe en Suisse une surmortalité importante dans la population des plus de 65 ans
Depuis un mois, on observe en Suisse une surmortalité importante dans la population des plus de 65 ans / 19h30 / 2 min. / le 15 novembre 2020
Fin octobre, la Suisse a enregistré un nombre de décès exceptionnel, d'après les données publiées mardi par l'Office fédéral de la statistique (OFS). Cet excès de mortalité, qui frappe les seniors, est provoqué par la deuxième vague de coronavirus.

Comme ce printemps, le nombre des décès en Suisse ces dernières semaines prend des proportions inhabituelles chez les seniors, premières victimes de la pandémie. La semaine du 25 octobre au 1er novembre, l'Office fédéral de la statistique (OFS) prévoyait 1124 décès chez les plus de 65 ans, toutes causes confondues. Il y en a eu 1485, soit 361 de plus que le chiffre attendu.

En dépassant nettement la limite supérieure de mortalité attendue par l'OFS, les derniers chiffres indiquent qu'une surmortalité est observée. C'est la deuxième semaine d'affilée que la courbe franchit ce plafond, calculé en fonction des décès enregistrés habituellement à cette période de l'année. Aucun excès de mortalité n'est pour l'heure constaté chez les moins de 65 ans.

"L'augmentation suit la hausse des nouvelles infections"

Sans surprise, l'OFS attribue cette surmortalité à la pandémie de Covid-19. "Comme à l'arrivée de la première vague de SARS-CoV-2, début mars 2020, l'augmentation du nombre de décès suit la hausse des nouvelles infections au Covid-19 avec un décalage de deux semaines environ", écrit l'office dans la description des données.

Au plus fort de la première vague, début avril, 46% de décès de plus qu'attendu ont été enregistrés. Et ce malgré le semi-confinement qui freinait l'épidémie depuis la mi-mars.

De telles valeurs n'ont jamais été atteintes ces dernières années. La semaine la plus meurtrière d'avant la pandémie remonte à l'hiver 2015, quand un fort épisode de grippe avait provoqué mi-février 29% de décès de plus qu'attendu. Le contexte était très différent, puisqu'aucune mesure extraordinaire n'avait été mise en place à l'époque.

Une deuxième vague moins inégale

Ce printemps, l'épidémie avait surtout frappé trois cantons: le Tessin, Genève et Vaud. Ceux-ci avaient connu des pics de surmortalité sans précédent.

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Bien qu'il reste d’importantes différences régionales, la deuxième vague touche le pays de manière moins inégale que la première. Cette évolution se voit dans les chiffres de la mortalité.

Des excès apparaissent dans cinq des sept grandes régions du pays. Pour l'heure, seuls le Nord-Ouest (AG, BS, BL) et Zurich n'enregistrent pas de surmortalité. Des régions plutôt épargnées ce printemps, comme la Suisse centrale et notamment Schwyz, constatent une surmortalité.

Mais c'est en Suisse romande que les excès s'avèrent les plus importants, les cantons de Fribourg et du Valais en tête. La semaine du 25 au 1er novembre, ces deux cantons ont dénombré le double de décès par rapport à ce qui était attendu. Pour l'heure, le canton de Vaud reste lui dans les limites attendues, mais l'OFS précise que les données vaudoises sont incomplètes à partir de septembre.

Que le début?

La deuxième vague sera-t-elle plus meurtrière que la première? Il est trop tôt pour le savoir, les chiffres d'octobre 2020 ne reflétant que le début de la deuxième vague.

Certains indicateurs inquiètent toutefois. Le nombre d'hospitalisations a largement dépassé celui de ce printemps - il y a actuellement environ 3800 malades hospitalisés contre 2400 au plus fort de la première vague, ce qui laisse craindre davantage de décès.

Heureusement, la prise en charge des patients s'est améliorée. Cela pourrait limiter, en partie, le nombre de décès. "La grande révolution a été la découverte que les stéroïdes, en particulier la dexaméthasone, avaient un effet important et pouvaient réduire d'environ 15% la mortalité des patients avec un Covid sévère", expliquait sur Twitter la semaine passée le professeur Thomas Agoritsas des Hôpitaux universitaire de Genève (HUG).

Malgré ces avancées, le pic de surmortalité devrait se prolonger début novembre. Depuis le 1er novembre, dernier jour pris en compte dans les données de l'OFS, la Confédération a annoncé plus de 440 nouveaux décès dus au Covid-19.

Valentin Tombez

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