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En cas de oui à l'initiative sur les multinationales, les entreprises vont-elles vraiment quitter la Suisse?

Une mine de charbon en Colombie. [Keystone/AP Photo - Ricardo Mazalan]
Les entreprises vont-elles vraiment quitter la Suisse si l'initiative sur les multinationales responsables est acceptée? / La Matinale / 1 min. / le 11 novembre 2020
Les entreprises risquent-elles de quitter la Suisse en cas d'acceptation de l'initiative pour des entreprises responsables? Cet argument a été souvent répété lors de différentes campagnes, comme sur l'initiative Minder. Mais qu'en est-il?

Dans les faits, il n'y a pas d'exemple concret d'une multinationale qui aurait quitté la Suisse suite à une votation. En revanche il y a des entreprises qui ont quitté le pays à la fin d'une période de régime fiscal très accommodant accordé pour les enraciner. Ce pari-là a donc rarement fonctionné. Les cantons de Neuchâtel et du Jura, notamment, ont souffert de cette attitude.

Mais pour l'avocat et spécialiste du droit des sociétés Jean-Luc Chenaux, un ensemble de contraintes défavorable aux entreprises est susceptible de rendre la Suisse moins attractive. "On ne peut pas exclure qu'il y ait un stade à partir duquel le cumul de certaines restrictions, de certains facteurs, entraîne une perte d'attractivité de la Suisse, mais simplement parce qu'une entreprise recherchera peut-être en s'exilant des environnements juridiques qui soient moins contraignants."

"Beaucoup d'entreprises ont déjà pris des mesures"

Il faut dire qu'une entreprise communique rarement une délocalisation en raison d'une votation. Mais Paul Dembinski, directeur de l'Observatoire de la finance à Genève, ne croit pas au départ de sociétés si l'initiative pour des entreprises responsables devait passer la rampe: "N'exagérons pas les chocs que les changements de législation, donc on pourrait dire de contexte, peuvent générer. Et beaucoup de ces entreprises ont pris déjà depuis longtemps des mesures. J'étais très frappé de voir le CEO de Novartis il y a quelques semaines dans la NZZ qui disait 'Je peux parfaitement vivre avec l'initiative et avec le contre-projet. Nous on est bien en avant par rapport à ce genre de choses.'"

D'ailleurs même Economiesuisse n'utilise pas la menace du départ d’entreprises de la Suisse dans leur campagne. La faîtière craint en revanche une perte de compétitivité et le retrait d'entreprises suisses des pays trop laxistes.

Cynthia Racine/ebz

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