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Alexandre Jollien: "Ce sont des petites choses au quotidien qui vont permettre de sortir du désespoir"

La deuxième vague impacte la santé mentale des Suisses. Entretien avec le philosphe Alexandre Jollien
La deuxième vague impacte la santé mentale des Suisses. Entretien avec le philosphe Alexandre Jollien / 19h30 / 7 min. / le 15 novembre 2020
Isolement, solitude ou peur de la contamination, la deuxième vague de coronavirus qui traverse la Suisse affecte durablement la santé mentale des individus. Le philosophe valaisan Alexandre Jollien évoque la générosité comme moyen de rompre l'isolement.

Les cas de dépressions sévères sont en forte augmentation cette année. Selon des chercheurs de l'Université de Bâle, qui étudient les conséquences psychiques de la pandémie depuis ses débuts, les symptômes de type sévère à très sévère ont augmenté de 3 à 9%.

"Je serai le dernier à donner des conseils, car je n'ai pas de baguette magique. Mais ce qui m'aide au quotidien, c'est de me dire qu'étant donné que la crise est là, autant essayer d'en tirer quelque chose pour m'inscrire dans une dynamique. Car je crois que le pire est d'avoir l'impression d'être acculé, d'être dans une immobilité", souligne Alexandre Jollien.

Pour ce faire, l'écrivain cite, dimanche sur le plateau du 19h30, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche, qui dit que "le meilleur moyen de bien commencer chaque journée est: à son réveil, de réfléchir si l'on ne peut pas ce jour-là faire plaisir au moins à un homme". Comme un adage qu'Alexandre Jollien a appliqué durant le confinement: "prendre le téléphone et rompre l'isolement par la générosité."

Crainte de la violence

Le co-auteur de "L'Abécédaire de la sagesse", qui sort en librairie ce mois-ci, a voulu profiter de cette "retraite spirituelle forcée" pour développer une intériorité.

La crise prise avec autant de philosophie n'enlève en rien la crainte qu'éprouve l'écrivain en voyant une certaine violence et des clans qui s'opposent. "Je crois que, vraiment, l'heure est à l'union, au collectif, au bien commun et pas à se déchirer parmi. Parce que ce que nous apprend la crise, c'est qu'il a suffi d'un petit virus sur un marché chinois pour que la Terre entière s'enflamme."

Selon les bouddhistes, il s'agit là de la loi de l'interdépendance. "Comment ré-inverser cette interdépendance grâce à la générosité? C'est le défi actuel", pose Alexandre Jollien.

Se serrer les coudes

Comment rester serein face à la peur de mourir? "Il faut d'abord prendre acte que l'imprévu a frappé à notre porte", répond l'écrivain, qui invite à formuler cette angoisse et à ne pas rester avec cette peur universelle.

Regrettant que ce soient souvent les plus défavorisés qui trinquent, Alexandre Jollien constate que cette précarité, qui a toujours été présente, nous saute désormais au visage, nous invitant à nous serrer les coudes et à nous entraider.

"J'ai l'espoir que la solidarité et la générosité vont nous aider à traverser cette épreuve. Ce sont des petites choses au quotidien qui vont permettre de s'en sortir et de sortir de ce désespoir", conclut le philosophe.

Propos recueillis par Fanny Zürcher

Réalisation web: Feriel Mestiri

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