Willy Oggier appelle à prendre au sérieux les sceptiques du nouveau coronavirus. Dans un entretien diffusé mardi par les journaux alémaniques du groupe de presse Tamedia, il demande l'introduction immédiate d'une base juridique permettant de leur infliger de grosses amendes sans passer par de longues procédures.
Les services de sécurité privés et la police des chemins de fer devraient également pouvoir imposer de telles amendes, réclame Willy Oggier. "Ceux qui ignorent volontairement les règles de distanciation sociale et d'hygiène doivent assumer la responsabilité de leurs actes", ajoute-t-il.
Il propose d'enregistrer le nom des sceptiques du Covid-19 et, s'ils sont infectés par le virus, de ne pas leur accorder un lit dans des unités de soins intensifs en cas de manque de place. Un tel procédé pourrait servir de signal, constate l'économiste. "Il faut souvent un malus pour que le système fonctionne."
"La médecine n'a pas pour tâche de punir"
Co-rédactrice des directives éthiques sur le triage aux soins intensifs de l’Académie suisse des sciences médicales, la médecin et bioéthicienne Samia Hurst rejette catégoriquement cette proposition.
"Il n’en est tout simplement pas question", balaie-t-elle, interrogée dans le 12h30. "Tout simplement parce qu’être coronasceptique n’est pas un crime. Cela ne veut pas dire que ces personnes ne font rien de mal: si on doit porter un masque, il faut le mettre, et on doit pouvoir sanctionner les personnes qui ne le font pas."
Mais il ne faut confondre une infraction avec un délit d’opinion, souligne Sania Hurst, également membre du comité de direction de la task-force Covid-19.
"Et tout aussi fondamentalement, la médecine n’a pas pour tâche de punir. Notre société a des moyens pour sanctionner, et ces derniers n’incluent pas le déni de médecine. C’est extrêmement important de soigner tout le monde de la même façon, quelles que soient les opinions des uns et des autres", insiste-t-elle.
Les fumeurs ou les chauffards aussi...
Même veto exprimé par Blaise Genton, médecin-chef au Service des maladies infectieuses du CHUV.
"Je ne cautionne pas ce genre d'assertion. Dans ce cas-là, ça veut dire qu'on ne soigne plus les fumeurs qui ont un infarctus, les accidentés de la route qui roulaient trop vite, etc.", conclut-il.
kkub