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L'uni numérique, une souffrance pour les professeurs et les élèves

Un cours en ligne à l'École polytechnique fédérale de Zurich [Keystone - Alexandra Wey]
Difficultés de l’enseignement à distance dans les hautes écoles, témoignages / La Matinale / 1 min. / le 19 novembre 2020
Depuis le 2 novembre, l’enseignement dans les hautes écoles se fait désormais complètement à distance, comme au printemps. Une épreuve pour les étudiants et les professeurs.

Marie, 18 ans, a commencé des études de physique à l'Université de Genève. "La première année est assez dure. L’interaction avec les autres élèves permet de tenir. C’est stimulant d’aller en classe. Ça motive. Si je ne comprends pas, je me sens moins seule. On peut s'entraider. Aujourd'hui, il ne reste que les cours et la pression", regrette-t-elle jeudi dans La Matinale.

Le contact avec les camarades s’appauvrit, tout comme la relation encore neuve avec les enseignants, malgré les aides techniques développées à la suite de la première vague.

"Entre chaque cours de 45 minutes, on a des pauses de 15 minutes pendant lesquelles on peut poser des questions. Quand j’étais en présentiel, c’est quelque chose que je faisais beaucoup. Aujourd'hui, je ne le fais quasiment plus."

Peu de réactions

Cette perte de lien est mal vécue par les étudiants, mais aussi par le corps enseignant contraint de donner ses cours via Zoom ou face caméra dans une salle vide. Des enseignants trouvent des parades, comme ce professeur de droit qui aligne des peluches au premier rang pour meubler l'auditoire.

"La difficulté majeure est de ne pas voir les étudiants", explique Farinaz Fassa, professeure en sociologie de l'éducation à l'université de Lausanne. "De ne pas comprendre à leurs réactions s'ils ont compris, si le vocabulaire utilisé leur pose des problèmes, ou si un point de mon propos est particulièrement intéressant pour eux."

Il faut donc réinventer le mode de communication pour un temps indéfini, car aujourd'hui, personne ne connaît la date d'un retour à l’enseignement en présentiel dans les hautes écoles.

Céline Fontannaz/pwa

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"Je pense que les étudiants souffrent"

L'enseignement à distance est particulièrement compliqué pour les étudiants qui découvrent à peine la vie universitaire.

"C'est difficile pour eux. Ils sortent d'une année gymnasiale très perturbée et là ils commencent l'université dans des conditions qui ne sont pas celles que nous aurions aimé leur offrir", explique Giorgio Zanetti, vice-recteur de l'Université de Lausanne, dans La Matinale.

"Nous avions d'emblée pris l'option de demander aux étudiants de ne pas venir tous en même temps sur le campus. Un tiers des étudiants pouvaient venir depuis la rentrée de septembre. Tous ont quand même eu une occasion de se préparer à ces outils d'enseignement à distance. La bascule qui nous a été ordonnée le 2 novembre est un peu moins abrupte qu'elle ne l'a été en mars", poursuit le spécialiste en médecine interne et en infectiologie.

La priorité des universités reste de "sauver" le semestre en cours. "Actuellement il y a des choses qui manquent, qui sont peut-être gérables sur le court terme. Mais à long terme, les hautes études sont également un apprentissage social, une construction de la vie de jeune adulte, ça se fait avec le lien. Ce sont des choses dont les étudiants sont privés actuellement et je pense qu'ils en souffrent", regrette Giorgio Zanetti.

>> L'interview de Giorgio Zanetti dans La Matinale :

Maladies nosocomiales: entretien avec Dr. Giorgio Zanetti
L'invité de La Matinale – Giorgio Zanetti, docteur et vice-recteur de l’Université de Lausanne / L'invité-e de La Matinale / 10 min. / le 19 novembre 2020