Les tarifs pour les patients Covid ne sont pas "satisfaisants", regrette la directrice de l'hôpital de Rennaz
Invitée de La Matinale, mercredi, la nouvelle présidente du Conseil d'établissement de l’Hôpital Riviera-Chablais (HRC) de Rennaz Brigitte Rorive juge qu'il n'y a pas aujourd'hui de tarif "satisfaisant" pour la prise en charge des patients atteints du Covid-19, car il n'y a pas de case prévue dans la grille tarifaire.
"Les patients qui restent moins de sept jours sont très mal rémunérés comme s'ils arrivaient avec une bête grippe ou une petite infection pulmonaire, alors que ce sont des personnes qui sont sérieusement malades, qui demandent des soins très rapprochés, beaucoup de surveillance, même quand elles ne sont pas aux soins intensifs."
Et Brigitte Rorive, qui a dirigé les finances des HUG pendant sept ans, d'ajouter: "Nous n'allons pas garder une personne sept jours uniquement pour des raisons financières."
Des déficits par millions
Les conséquences pour les hôpitaux sont "importantes". De jour en jour, leurs déficits se creusent. Fin avril, la faîtière des hôpitaux suisses H+ prévoyait des pertes d'au moins 1,5 milliard de francs, auxquelles s'ajouterait un milliard d'ici la fin de l'année.
"D'un point de vue financier, la chirurgie est mieux rémunérée que la médecine. C'est l'un des problèmes de la structure tarifaire. Nous avons dû arrêter une activité pour laquelle nous sommes plutôt bien rémunéré, pour la remplacer par une autre qui l'est moins bien."
Brigitte Rorive esquisse la rémunération supplémentaire à la journée, une solution adoptée dès la première vague par les Allemands: "Ils ont édicté, très rapidement, un tarif pour aider les hôpitaux. Nous en sommes loin en Suisse. Je sais que SwissDRG, l'agence fédérale tarifaire, travaille sur le sujet. Le problème ce que nous n'avons pas de recul et nous manquons d'analyses sur les coûts."
L'Hôpital de Rennaz "sera attrayant"
A l'Hôpital de Rennaz, le déficit pourrait atteindre les 18 millions de francs au lieu des 6 millions budgetisés. "Nous avons beaucoup moins de patients que ce que nous pensions. (...) Nous devons donc refaire partir l'activité, mais le Covid-19 n'aide pas." Pour Brigitte Rorive, l'HRC n'est pas mal situé ou mal pensé: "Il est magnifique. Il va être attrayant. Nous devons le faire connaître, travailler avec les médecins et les grands acteurs de la santé. Mais cela prend un peu de temps."
Propos recueillis par David Berger/vajo