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Les chaufferettes se multiplient, mais elles sont souvent illégales

Explosion de la vente des chaufferies d’extérieur, malgré leur illégalité (vidéo)
Explosion de la vente des chaufferies d’extérieur, malgré leur illégalité (vidéo) / L'éclairage d'actualité / 3 min. / le 19 novembre 2020
On les appelle parasols chauffants, chaufferettes ou champignons. Et avec l’arrivée du froid et de la deuxième vague de la pandémie, leurs ventes explosent chez les particuliers, même s'il n'est pas partout légal de les installer.

"Je ne comprends pas comment les fêtes de Noël pourront être intergénérationnelles cette année. Malheureusement. Peut-être que l'on pourra préconiser de voir les grands-parents en extérieur, avec des bons pullovers et des anoraks. On pourrait être en terrasse, comme dans les stations de ski quand il fait beau."

L'épidémiologiste Antoine Flahaut lançait cette piste il y a peu sur les ondes de la RTS. Dans le même temps, la task force scientifique Covid 19 a alerté officiellement sur le risque de transmission du virus via les aérosols en intérieur. Il faut donc se réinventer pour se rencontrer par les temps froids qui arrivent...

Boom des ventes chez Galaxus

Et à l'approche de l'hiver, des particuliers s'équipent déjà pour passer du bon temps dehors. La plateforme en ligne Galaxus-Digitec notamment a remarqué qu'un article parmi les 3 millions qu'elle propose se vend particulièrement bien: les chaufferettes, comme celles qu'installent les restaurateurs professionnels sur leurs terrasses.

"On constate une croissance pour les articles qui permettent de passer du temps dehors quand il fait froid. Par exemple, nous avons déjà vendu 180% de chaufferettes en plus que l'année dernière", détaille Rico Schuebpach, porte-parole de Digitec-Galaxus, jeudi dans La Matinale.

Interdit dans la quasi totalité des cantons romands

Pourtant, dans plusieurs cantons, l'utilisation de ces appareils électriques ou à gaz est simplement illégale, même pour les privés. C'est le cas sur Fribourg, Vaud, Genève, Valais, Berne ou Neuchâtel. Leurs lois sur l'énergie les interdisent aussi bien pour les restaurateurs que pour les particuliers. Seul le Jura les tolère, tout en affirmant que leur utilisation devrait être évitée.

On leur reproche d'être une consommation inutile et inefficace d'énergie, alors qu'en hiver la Suisse doit acheter de l'électricité à l'étranger, notamment dans les centrales à charbon allemandes.

Des appareils énergivores

Pour avoir un ordre de grandeur, une chaufferette électrique allumée quatre heures par jour pendant tout l'hiver représente un tiers de la consommation normale d'une villa pour toute une année. Les grosses chaufferettes à gaz représentent même plus.

"Les chaufferettes à gaz font sept kilowatts, si elles tournent huit heures par jour, on est à la consommation d'une maison", affirme Guy Jacquemet, ingénieur au service valaisan de l'énergie et des forces hydrauliques.

"Les gens doivent savoir que ces appareils qui ne recourent pas aux énergies renouvelables sont interdites à l'utilisation. Le bon sens de chacun peut aisément comprendre que chauffer l'air extérieur n'a pas de sens dans le contexte de la situation énergétique et de l'approvisionnement suisse", regrette l'ingénieur.

Peu de contrôle

Mais que risque-t-on en tant que particulier? C'est tout l'enjeu. Pas grand-chose, car la police a d'autres choses à faire que de regarder sur les balcons et dans les jardins. Ces lois cantonales ne sont donc pas vraiment appliquées.

Les vendeurs, eux, rappellent que la vente des chaufferettes n'est pas interdite et qu'ils ne sont pas responsables de l'utilisation qu'un client fait de leur objet.

"Sur le plan écologique, il est vrai que leur utilisation peut être critiquée. Mais nous ne voulons pas dicter la conduite de nos clients. Ce n'est pas à nous de dire aux clients quoi acheter. Finalement, la vente est légale", estime le porte-parole de Digitec-Galaxus Rico Schupbach. On trouve un raisonnement similaire chez Migros.

En vente libre

Et pourquoi ne pas simplement les interdire à la vente? A l'Office fédéral de l'énergie, on estime que chauffer un balcon ou la rue à l'aide de ces chaufferettes n'a pas de sens d'un point de vue énergétique et climatique. Mais pour l'instant, pas d'interdiction de les vendre.

"On n'a pas l'impression que c'est une tendance à long terme", explique Mihaela Grigorie, de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN). "Si on devait introduire une législation, c'est quelque chose qui prendrait au minimum deux ans."

"C'est plutôt par la sensibilisation des consommateurs qu'on peut agir en les rendant attentifs au fait que ce n'est pas efficace d'utiliser ces appareils, il faut plutôt utiliser un chauffage personnel, comme une couverture."

La parenthèse valaisanne

L'OFEN ajoute que les cantons n'ont jusqu'à présent pas encore demandé à la Confédération de réglementer cette question.

Il demeure donc une aberration entre des lois cantonales qui interdisent ces objets et une vente qui est autorisée au niveau suisse.

Et il est difficile de s'extraire du contexte actuel. La consommation d'électricité et l'environnement sont passés au second plan avec la pandémie. Pour preuve, en Valais, le Conseil d'Etat a mis la loi entre parenthèses pour aider les restaurateurs. Il n'est plus interdit d'utiliser une chaufferette électrique jusqu'au 30 avril. Mais pour l'heure… les restaurants sont fermés.

Céline Fontannaz/Pascal Wassmer

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"Friluftsliv" ou la vie en plein air selon les Norvégiens

En Norvège, la vie à l’extérieur fait partie du patrimoine. Le concept de friluftslivcélèbre la vie dehors quelles que soient les prévisions météorologiques. Pas besoin d’être un sportif endurci. Les grandes balades avec des amis, un pique-nique dans la neige ou une promenade à vélo sont autant d’activités qui permettent de s’évader quelques heures et de reprendre contact avec la nature.

Les Norvégiens ont un dicton à ce sujet: "Il n’y a pas de mauvais temps, seulement des mauvais vêtements". Tout est dans le regard que l’on porte sur la météo. Il faut sortir et profiter de la nature. En plus d’éviter les microbes, passer seulement deux heures par semaine dans un milieu naturel stimule le bien-être, selon un article de la revue Nature.

En Suisse, SportXX, filiale Sport de Migros, table cet hiver sur le boom des raquettes à neige et du ski de fond. Elle veut croire que les Suisses souhaiteront prolonger leur expérience de cet été où, Covid oblige, ils ont été nombreux à rester au pays et ont passé beaucoup de temps à se balader.

« Friluftsliv » ou la vie en plein air selon les norvégiens [EPA - Sara Johannessen]
« Friluftsliv » ou la vie en plein air selon les norvégiens [EPA - Sara Johannessen]