Les quatre avionneurs en lice pour les 36 à 40 avions de combat suisses pour Air2030 sont: la France avec Dassault, pour le Rafale, l'Union européenne avec Airbus, pour l'Eurofighter, les Etats-Unis avec Boeing, pour le Super Hornet, et Lockheed Martin, pour le F-35A.
Airbus et Lockheed Martin ont organisé des conférences de presse jeudi. Une démarche pouvant surprendre, puisque la population ne se prononcera pas sur le choix de l'avion.
Le mot qui revient chez ces deux groupes pour justifier la démarche, c'est "transparence": ils réfutent être en campagne, disent vouloir juste s'assurer que les Suisses ont une idée précise de ce qui leur est proposé, puisque c'est leur argent... six milliards très courtisés.
Le conseiller aux Etats Olivier Français (PLR/VD) est membre de la commission de sécurité. Il regarde ces initiatives d'un œil très critique: "Du côté marketing, c'est un bon coup; du côté politique, je pense qu'ils font une grave erreur à notre intention – les citoyens et les parlementaires – car la décision relève d'abord d'une décision technique. Et, à la fin, il y aura un critère politique. Il faudra regarder cela avec sérénité. On ne pourra pas faire un trafic d'influence par de la communication bien faite: elle ne correspond pas à nos valeurs et, surtout, à la méthode de faire, telle qu'elle a été définie par le Conseil fédéral, acceptée par les Chambres fédérales et, finalement, acceptée par le peuple", explique-t-il au micro de Forum.
Airbus et ses ambassadeurs européens
Airbus a ouvert les feux en grande pompe avec une conférence de presse retransmise depuis l'ambassade d'Allemagne à Berne.
Entourant le directeur général pour le marché suisse, pas moins de quatre ambassadeurs: italien, espagnol, allemand et britannique. Un signal politique fort, chacun arborant un pins de l'avion Eurofighter.
Ils ont martelé un message commun: nous sommes une famille unie, nous représentons nos gouvernements, nous voulons consolider et développer nos partenariats avec la Suisse. Une opération séduction qui voit Airbus miser sur les avantages sécuritaires d'un partenariat avec des pays voisins et aussi sur les possibilités d'entraînement, de développement économique et industriel.
Ils ont également beaucoup insisté sur d'autres aspects moins évidents, notamment ce qui lie déjà la Suisse avec ces différents pays, comme des échanges académiques, scientifiques, energétiques, ou encore une proximité culturelle.
A titre d'exemple, l'ambassadeur italien s'est exprimé dans sa langue, rappelant que c'était une langue nationale en Suisse. Il a ensuite fait une référence à l'importance de l'architecte tessinois Borromini pour la ville de Rome.
Il a été assez peu question en revanche des détails de l'offre soumise à Armasuisse car ils sont confidentiels, en particulier le prix. Mais Airbus assure que sa proposition entre dans le budget prévu.
Des faits chez Lockheed Martin
Le constructeur américain Lockheed Martin a opté pour une autre stratégie, restant assez factuel sur les caractéristiques techniques de son jet, insistant sur le fait que son offre est unique et qu'elle respecte le budget fixé ainsi que la souveraineté suisse.
Comme depuis le début du processus – et honorant en cela la volonté helvétique – l'américain Boeing et le français Dassault se font, eux, plus discrets.
L'évaluation d'Armasuisse
Armasuisse a environ quatre mois maintenant pour évaluer les offres – qui comprennent aussi des propositions de coopération et d'affaires compensatoires – et transmettre un rapport au Conseil fédéral. Celui-ci devrait prendre une décision avant l'été, en juin 2021.
Le projet d'acquisition devrait être soumis au Parlement en 2022. Quant au renouvellement de la flotte, il est prévu pour 2030.
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Sujet radio: Marie Giovanola
Adaptation web: Stéphanie Jaquet