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La deuxième vague met sous pression les autres services de maladies graves

Les services d'oncologie et de cardiologie essayent de s'en sortir pour continuer à traiter leurs malades en période de Covid-19.
Les services d'oncologie et de cardiologie essayent de s'en sortir pour continuer à traiter leurs malades en période de Covid-19. / 19h30 / 4 min. / le 22 novembre 2020
La réorganisation des hôpitaux pour faire face à l'afflux des patients Covid n'est pas sans conséquence pour les autres services de maladies graves. C'est notamment le cas des services d'oncologie et de cardiologie du CHUV, qui sont mis sous pression.

Plus de 300'000 personne se battent contre le cancer en Suisse. Pour beaucoup d'entre elles, les potentiels reports liés au Covid sont une source d'inquiétude supplémentaire. L'oncologie fait toutefois partie des pathologies prioritaires. Dans le service d'oncologie du CHUV, le plus grand de Suisse, l’objectif est de ne retarder aucun traitement.

"On ne veut pas observer demain les conséquences du cancer par rapport à ce qu'on n'a pas fait aujourd'hui. Il faut donc qu'on fasse les choses bien pour qu'en 2021, en 2022, on n'ait pas à rattraper", précise Solange Peters, cheffe du Service d'oncologie médicale de CHUV

Dépistages retardés

La question des dépistage est cruciale. Au printemps, ils se sont interrompus durant deux mois. Un retard qui ne sera pas sans conséquences. "Ça veut dire que tous les cancers que l'on n'a pas diagnostiqués pendant le Covid vont revenir, vont arriver chez le docteur, mais vont arriver probablement trop tard", s'inquiète Solange Peters.

>> Lire aussi : "La prise en charge du cancer ne peut pas être repoussée"

Chez les patients déjà diagnostiqués, une étude a mis en évidence qu'un retard d'un mois dans le traitement de certains cancers entraîne une surmortalité de 6 à 13%. Des retards que certains pays comme les Etats-Unis n'ont pas pu éviter durant la première vague.

"On compte par simulation les dizaines de milliers de décès supplémentaires (ndlr: dans le monde) qu'on aura à cause de ça", poursuit Solange Peters. "On a eu de la chance chez nous en Suisse. On a pu en temps voulu donner les traitements qui étaient nécessaires et faire les suivis qui étaient nécessaires. Ces calculs sur l'excès de mortalité ou l'excès de progression du cancer, je pense qu'ils ne vont pas s'appliquer à la Suisse."

Service de cardiologie sous pression

D'autres services sont aussi davantage mis sous pression par le Covid, comme celui de cardiologie. Les maladies cardio-vasculaires sont considérées comme prioritaires, mais tous les patients ne le sont pas, selon leur degré d'urgence. Ce qui permet de libérer des lits pour les patients Covid.

"On a moins de lits pour accueillir les malades en cardiologie. Par conséquent, on doit sélectionner les patients qui ont besoin d'un traitement (...) urgent ou semi-urgent. Les opérations des patients qui peuvent attendre sont généralement reportées à janvier 2021", explique Olivier Muller, chef du Service de cardiologie du CHUV.

Alors que toutes les opérations reportées durant le printemps ont enfin pu être rattrapées, le service fait face à une seconde vague tout aussi déstabilisante.

Delphine Mistelli/asch

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