Une enquête a été ouverte dans le but de "clarifier la conduite du Ministère public de la Confédération dans cette affaire", a indiqué le responsable du secrétariat de l’Autorité de surveillance du MPC (AS-MPC) dans une réponse à 24 Heures et la Tribune de Genève. Il est difficile d’estimer le temps qu’il faudra à l'enquête, selon Patrick Gättelin, cité lundi sur les sites en ligne des quotidiens de Tamedia.
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L'Autorité, qui indique avoir été informée de l'affaire par les médias, veut savoir si le traitement judiciaire de la plainte du conseiller fédéral s'est déroulé dans les règles. Au centre des interrogations figure notamment la destruction de données sur les appareils de la personne incriminée.
Pour le MPC, cette procédure est légitime et courante et il ne s'agit en aucun cas d'un traitement de faveur pour le conseiller fédéral. Il en va de même pour la limitation de l'accès à certaines informations au public, fait valoir le ministère public.
Commissions de gestion intéressées
L'enquête de l'AS-MPC intéresse les commissions de gestion du Parlement, dont le rôle est notamment de surveiller les activités du Conseil fédéral.
La sous-commission chargée des tribunaux et du MPC décidera selon les résultats de l'enquête s'il y a nécessité d'agir ou non, a confirmé sa présidente Manuela Weichelt-Picard (Verts/ZG).
Réactions politiques contrastées
D'un point de vue pénal, l'affaire est close. Mais certains, à l'instar du conseiller national UDC Roger Köppel, estiment qu'il s'agit de faire la lumière sur certains points soulevés par l'ordonnance de sanction contre la personne qui a tenté de faire chanter le conseiller fédéral.
"C'est un cas où l'on doit poser des questions", a souligné lundi dans Forum celui qui est aussi rédacteur en chef de la Weltwoche, le média qui a révélé l'affaire. "Le bureau du procureur général dit qu'il y a un intérêt professionnel pour Alain Berset de garder ça secret. Pourquoi y a-t-il un intérêt professionnel à garder ça secret?", s'interroge le Zurichois.
Pour le conseiller aux Etats socialiste genevois Carlo Sommaruga, membre de la commission de gestion de la Chambre haute, il ne s'agit clairement que d'une affaire privée. "Dès lors, je considère que cette ordonnance - à juste titre - évite de divulguer des accusations (…) qui ne méritent pas d'être divulguées", réagit-il. Pour le Genevois, le fait qu'il s'agisse en l'occurrence d'une personnalité publique ne change rien.
C'est aussi l'avis du conseiller national genevois Christian Lüscher, interrogé dans le 19h30. "Je pense que Monsieur Berset a eu une excellente réaction", estime le PLR. On voit qu'il n'est pas vulnérable au chantage, ça rassure. Il a fort bien réagi en déposant plainte et en faisant en sorte qu'il soit mis un terme à cette affaire sans que cela ait la moindre influence sur sa façon d'exercer en tant que conseiller fédéral."
Comme Roger Köppel, le conseiller national Yves Nidegger réclame lui aussi des éclaircissements. "Un conseiller fédéral qu’on fait chanter, ce n’est jamais anodin", relève l'UDC genevois. "Et c'est le travail de la commission de gestion de s’assurer que ce soit anodin, c’est-à-dire d'ouvrir ce qui doit l’être pour constater qu'il n'y a pas - derrière la personne qui fait chanter - quelqu'un qui travaillerait, je ne sais pas, pour les services secrets bulgares ou que sais-je d’autre".
oang avec ats