Cacophonie européenne pour une saison de ski entourée de questions

Faut-il s'attendre à une cacophonie dans les pays alpins avec certains domaines ouverts et d'autres pas? Jusqu'ici la Suisse, la France, l'Italie, l'Allemagne et l'Autriche n'ont pas réussi à s'entendre.

Le ministre de la Santé Alain Berset aurait souhaité que les voisins se coordonnent, avec des mesures communes pour éviter une distorsion de concurrence, avec des fermetures d'un côté des Alpes et des ouvertures de l'autre, par exemple. Mais cet appel lancé cet été est resté vain, et n'a pas séduit non plus les milieux concernés en Suisse.

Depuis, la situation sanitaire s'est dégradée partout et les pays voisins sont confinés. Lundi, le président du Conseil italien Giuseppe Conte a douché les espoirs de l'industrie du ski transalpine. "Nous ne pouvons pas nous permettre des vacances à la neige sans restrictions. Les concepts de protection des remontées mécaniques sont une chose, mais tout ce qui tourne autour de ces vacances est incontrôlable."

Ouverture "impossible" durant les Fêtes, selon Macron

Le gouvernement italien devrait finaliser sa décision le 4 décembre, mais les signaux ne vont pas vers une réouverture. Giuseppe Conte a également déclaré qu'une position commune avec la France et l'Allemagne était à l'étude.

En France, Emmanuel Macron a estimé "impossible" l'ouverture des stations de sports d'hiver avant les fêtes de fin d'année en raison des risques sanitaires et il a indiqué que "les décisions seront finalisées très prochainement". Le président dit juger "préférable de privilégier une réouverture courant janvier dans de bonnes conditions".

Quant à l'Autriche, elle devrait procéder à une réouverture par étapes du pays dès le 7 décembre. Concernant le ski, le chancelier Sebastian Kurz avait déclaré en septembre que la saison aurait lieu, mais sans après-ski et avec un couvre-feu à 22h. Mais la situation a évolué entre-temps.

>> Tour d'horizon de la situation dans les différents pays européens dans Tout un Monde :

Leandre Duggan

La situation à la mi-décembre sera cruciale

En Suisse, le contexte épidémiologique à la mi-décembre sera crucial. D'un point de vue institutionnel, le Conseil fédéral aurait le pouvoir de tirer la prise des remontées mécaniques comme il l'a fait en mars.

Mais le contexte est différent et cela ne semble pas être une option: les enjeux économiques sont trop importants, et les cantons mettent la pression. Ils affirment que les concepts de protection sont testés et éprouvés. Les acteurs comptent sur une amélioration grâce aux restrictions actuelles. Des mesures qui ont d'ailleurs été prises entre autres pour sauver la saison de ski, notamment en Valais.

Des espoirs d'assouplissement

"Nous avons pris en Suisse romande des décisions extrêmement  lourdes en conséquences - comme la fermeture des restaurants - pour justement préserver au mieux la période des vacances hivernales", indique le ministre de l'Economie vaudois Philippe Leuba, au micro de Forum mardi.

"Avec le respect strict des consignes sanitaires, nous pensons que nous pourrons assouplir le dispositif et préserver les vacances de Noël", fait savoir l'élu.

Devant l'absence de coordination internationale, la Suisse doit prendre ses propres décisions, qui prennent en compte à la fois sa situation sanitaire et ses besoins économiques - quitte à créer quelques dissensions avec ses voisins. "On ne va pas mettre à bas toute l'économie alpine suisse pour un peu de friture sur la ligne", estime le Vaudois.

>> L'interview de Philippe Leuba dans Forum :

Les stations devront toutefois redoubler de vigilance car des écarts de conduite pourraient mener à des fermetures. Cervinia, au pied du Cervin côté italien, avait dû boucler suite à des images virales de skieurs agglutinés au pied des remontées. Des photos de situations similaires ont aussi créé l'émoi ces derniers jours à Zermatt et Saas-Fee.

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Marie Giovanola/kkub