Il aura fallu une décision du Tribunal fédéral pour que le demi-canton de Suisse orientale accorde enfin le droit de vote aux femmes au niveau cantonal. L'instance a donné raison à un recours, estimant que le suffrage réservé aux hommes violait l'égalité hommes-femmes inscrite dans la Constitution.
Le 28 avril 1990, les hommes d’Appenzell Rhodes-Intérieures refusaient pour la troisième fois d'accorder le droit de vote aux femmes.
Un combat de longue haleine
Emmenée par la militante Theresa Rohner, un comité dépose plainte au nom de l’égalité auprès de la plus haute autorité judiciaire de la Confédération. "C’était une grosse surprise. Nous espérions une victoire, mais pas aussi claire", commentait Theresa Rohner au micro de la TSR en 1990.
Cinq mois après, une page d’histoire s’écrit. Sous les regards appuyés des hommes, les Appenzelloises entrent pour la première fois dans le ring mythique de la Landsgemeinde pour y exercer leurs droits.
"J’étais vraiment soulagée par cette décision du Tribunal fédéral. Finalement, je n’avais pas envie que nous devions remercier les hommes de nous avoir accordé le droit de vote. Je voulais que celui-ci soit officiellement reconnu comme un droit fondamental", estime Maria Eugster, fondatrice du Forum des femmes d'Appenzell Rhodes-Intérieures.
Les femmes d'Appenzell Rhodes-Intérieures ont ainsi été les dernières de Suisse à obtenir ce droit.
Vaud et Neuchâtel précurseurs
La plupart des cantons ont introduit le droit de vote des femmes en 1971 et 1972, dans la foulée de l'introduction du suffrage féminin au niveau fédéral. Six cantons, dont trois romands, ont adopté le droit de vote des femmes au niveau cantonal avant 1970. Le canton de Vaud a été le premier, le 1er février 1959.
>> Lire : Il y a 60 ans, Vaud devenait le premier canton à accorder le droit de vote aux femmes
A Neuchâtel, l'introduction dans la loi s'est faite en septembre de la même année, et à Genève en mars 1960. Bâle-Ville a suivi en 1966, Bâle-Campagne en 1968 et le Tessin en 1969.
Fanny Zürcher/vajo