Polyquity, une commission au sein de l'association des étudiants de l'EPFL, a rassemblé plusieurs témoignages concernant des remarques sexistes, des gestes déplacés, des menaces ou des tentatives d'agressions sexuelles. Elle a décidé de les diffuser sur les réseaux sociaux pour que l'EPFL se rende compte de l'ampleur du phénomène et qu'elle prenne des mesures.
Interrogée dans Forum, mardi, Marijn Van Der Meer, présidente de Polyquity, a relevé que "toutes les filles ont des histoires à raconter et que c'est le bon moment pour que les gens réalisent l'ampleur du phénomène".
"Nous avions déjà récolté une vingtaine de témoignages jusqu'à aujourd'hui et depuis la publication de la vidéo vingt autres sont arrivés. J'espère que cela va choquer", a encore déclaré la présidente de l'association. "Il faut que la direction de l'EPFL réagisse et prenne des mesures immédiates. Nous avons constaté que jusqu'à présent personne n'osait se plaindre ni ne savait vers qui se tourner pour obtenir de l'aide".
L'EPFL soutient la démarche
Invitée à réagir dans le 12h30, mercredi, la porte-parole de l'EPFL Corinne Feuz indique que l'institution est, bien sûr, choquée du contenu de ces témoignages, mais elle n'est pas surprise. En effet, l'institution a accompagné l'association étudiante qui a publié ces textes sur internet.
Elle rappelle que divers dispositifs d'écoute et de médiation existent sur le campus, ainsi qu'une plateforme en ligne, permettant de dénoncer des cas de harcèlement. "Ce qui interpelle et qui est l'un des problèmes relevés par les personnes qui ont témoigné est le fait qu'aucune d'entre elles n'osaient ou ne savaient vers qui se tourner. Cela doit effectivement nous interpeller sur les structures en place et la manière avec laquelle nous les communiquons", analyse la porte-parole.
L'EPFL envisage toutefois des améliorations. Dès janvier, par exemple, l'école aura une nouvelle vice-présidence féminine pour la diversité et la durabilité. Une nomination qui pourrait, selon Corinne Feuz, faire accélérer les choses.
Elle souligne encore que l'EPFL travaille activement à renforcer la présence des femmes dans le corps enseignant et dans la recherche. L'école est encore aujourd'hui un monde majoritairement dominé par les hommes: les étudiantes ne représentent qu'un tiers sur le campus.
Interrogé dans Forum, le président de l'EPFL Martin Vetterli, a tenu à remercier l'association Polyquity pour son travail très professionnel et engagé, jugeant les "témoignages absolument choquants". "C'est tolérance zéro pour des propos sexistes ou homophobes mais c'est un fait que l'ambiance est masculine à l'EPFL", a-t-il relevé. "C'est simplement une preuve que certains hommes ont des problèmes d'estime d'eux-mêmes", a conclu Martin Vetterli.
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