"Il s'agit d'une décision politique", a fait savoir devant la
presse le président du Conseil d'Etat Laurent Moutinot. L'affaire a
soulevé une "émotion considérable" au sein de la population et trop
de questions n'ont pas reçu de réponses. La traçabilité des déchets
n'est ainsi pas garantie.
Conditions pas remplies
Il existe aussi des interrogations sur l'identité des
contractants. Le gouvernement n'est en outre pas en mesure
d'évaluer l'impact sur l'environnement d'une telle importation, ni
ses conséquences sur la santé publique. La durée de l'opération et
les quantités de déchets concernés demeurent floues.
Le but de l'exercice n'est pas de critiquer les SIG, a poursuivi
Laurent Moutinot. Le Conseil d'Etat a discuté de la question des
déchets napolitains à de multiples reprises depuis que la polémique
a éclaté. Il a conclu lundi soir que l'importation de ces détritus
n'était pas possible, les conditions n'étant pas remplies.
Pas un non définitif
Le conseiller d'Etat Robert Cramer a insisté sur l'émotion que
cette perspective a suscitée au sein de la population genevoise. Il
a rappelé que la politique de gestion des déchets à Genève repose
entièrement sur la confiance des citoyens. Le gouvernement cantonal
s'oppose à ce projet, mais n'exclut pas d'éventuelles importations
futures.
Son président a déclaré qu'il ne s'agissait pas d'un "non
définitif à toute importation de déchets pour l'éternité". L'idée
originale aurait dévié de l'axe humanitaire. "On sort d'une logique
d'assistance pour entrer dans un logique purement commerciale", a
remarqué Robert Cramer. Selon lui, la viabilité économique de
l'usine des Cheneviers ne dépend pas des déchets napolitains.
ats/kot
Tensions politiques autour du projet
Fin février, le conseil d'administration des Services industriels de Genève (SIG) avait donné son feu vert pour le traitement à l'usine des Cheneviers (GE) d'une partie des déchets napolitains.
Dans un premier temps, le conseiller d'Etat écologiste Robert Cramer, dont le département chapeaute les SIG, s'était montré favorable à cette solution, qui se justifiait à ses yeux tant sur le plan écologique qu'économique.
L'usine d'incinération des Cheneviers se trouve en situation de surcapacité. L'importation de déchets de l'étranger empêcherait la fermeture d'un four et sauvegarderait plusieurs dizaines d'emplois.
Cet argument avait été vivement rejeté par une partie de la classe politique, le conseiller administratif de la Ville de Genève Pierre Maudet en tête.
La présence de produits radioactifs dans les poubelles italiennes avait aussi été évoquée. Les SIG avaient dénoncé des "fantasmes" alimentés par des visées politiques.
Les SIG prennent acte
Prenant acte de la décision du Conseil d'Etat, les SIG ont annoncé, mardi en fin de journée, "comprendre les impératifs politiques liés notamment aux polémiques soulevées à Genève".
Ils ont néanmoins précisé que leur projet s'appuyait sur des considérations industrielles "conformes" au développement durable.