Pourquoi ne pas profiter de cet exercice totalement facultatif pour réfléchir à ses propres pratiques en matière d'alcool? Voilà ce que propose Jean-Félix Savary, secrétaire général du Groupe romand d'étude des addictions, lundi dans La Matinale.
"L'alcool reste un psychotrope assez puissant, c'est le premier psychotrope qui pose des problèmes en Suisse. Nous sommes 85% de la population à en boire, ce n'est pas quelque chose d'anodin et cela fait toujours du bien de se distancer un petit peu de ses propres pratiques et de voir aussi comment cela fait de ne pas boire", explique-t-il.
"Nous attendons plutôt une attitude réflexive, nous ne sommes pas au temps de la prohibition, aujourd'hui nous savons que l'alcool est un bien culturel de consommation, c'est plutôt notre rapport social que nous devons travailler avec l'alcool. Ce n'est pas une campagne pour arrêter de boire, l'objectif c'est de se dire pourquoi pas un mois pendant l'année sans boire", déclare encore Jean-Félix Savary, rappelant qu'en Suisse 250'000 personnes souffrent d'une dépendance à l'alcool.
Addictions et Covid
Il est difficile de dire si la pandémie de coronavirus a provoqué une hausse des addictions, a encore relevé le secrétaire général du GREA.
"Nous n'avons pas encore de chiffres. Paradoxalement les personnes qui étaient déjà en forte vulnérabilité ont plutôt bien subi la crise, puisque nous avons pu continuer à les soutenir. Nous craignons plutôt une hausse massive des addictions pour les personnes sur le balan, celles qui ont besoin de cadre clair pour tenir. Cela peut être difficile de se retrouver tout seul chez soi pour certaines personnes", a expliqué Jean-Félix Savary. "Il y a aussi un nombre important de personnes qui ont moins bu parce qu'il y avait moins d'occasion de le faire".
Propos recueillis par Romaine Morard/lan
Consommation d'alcool chez les jeunes
La première campagne Dry January en Suisse tombe bien, estime Marjory Winkler, directrice de Ciao.ch, le site d’informations pour les 11-20 ans.
Dans sa pratique, elle a l'impression que la consommation d'alcool, ou du moins, les questions qui y sont liées, sont en baisse chez les ados à cause de la fermeture des lieux de sortie. Mais elle craint une recrudesence dès la réouverture.