Jusqu'ici, il n'existait aucune définition unifiée à travers le monde pour qualifier le burnout. Mais aujourd'hui, les scientifiques et médecins se sont enfin mis d'accord pour ranger l'épuisement professionnel du côté de la maladie.
Il s'agit d'une avancée majeure pour la recherche et la prise en charge des patients que l'on doit à des experts lausannois. Leur publication vient de paraître dans le Scandinavian Journal of Work, Environnement and Health.
Une définition
L'unité d'épidémiologie professionnelle et environnementale d'Unisanté à Lausanne a travaillé avec deux linguistes. L’équipe a recensé plus de 80 définitions du burnout existantes à travers le monde.
Fatigue, épuisement, distanciation, perte d'efficacité professionnelle: les chercheurs ont tiré de ce catalogue une définition qu'ils ont soumise à un panel de 60 experts de 29 pays et qu'ils ont approuvée.
Désormais le burnout se définit comme "un état d'épuisement émotionnel et physique liée à une exposition prolongée à des problèmes au travail".
Changer le regard
Pour Irina Guseva Canu, professeure d'épidémiologie à Unisanté et auteure principale de la publication, cette définition permet de ranger le burnout du côté de la santé et pas d’un phénomène social.
"Cela peut changer le regard sur ce problème, qui va être considéré comme un état de santé dont il faut s'occuper en termes de thérapie par des professionnels de santé", estime la chercheuse.
Un enjeu politique
Faut-il en conclure que le burnout sera désormais reconnu comme une maladie par l'Organisation mondiale de la Santé au même titre que la dépression?
"Nous sommes dans une voie scientifique et non politique. Néanmoins, il se peut que l'OMS décide de classer différemment le burnout et le reconnaisse, si cela est nécessaire et communément admis, comme une maladie", estime encore Irina Guseva Canu.
L'OMS et le Bureau international du Travail se sont montrés très intéressés par la recherche. La chercheuse leur exposera ses résultats prochainement.
Céline Fontannaz