Faire rentrer le sexisme dans le Code pénal - plus précisément dans l'article 261 bis qui punit la discrimination et l'incitation à la haine: l'Alliance des sociétés féminines suisses (Alliance F) juge cette étape nécessaire.
"Jusqu'à maintenant, les propos sexistes ne sont pas punis d'office. L'avantage, quand on punit d'office, c'est qu'on ne donne pas le rôle de victime à la femme", indique Sophie Ackermann, directrice d'Alliance F. "Et cela veut aussi montrer à la société qu'en Suisse, on ne tolère pas le sexisme."
Introduite en 1995, cette norme pénale concernait alors les critères de race, d'ethnie et de religion. Et à l'époque déjà, elle avait été attaquée par un référendum.
"Agir rapidement"
En 2013, le conseiller national Matthias Reynard (PS/VS) dépose une initiative parlementaire pour inclure les discriminations basées sur l'orientation sexuelle. Combattue par un référendum, la modification est approuvée par 63% des Suisses en février de cette année.
"Alliance F était très heureuse qu'on ait cette norme pénale anti-homophobie", salue Sophie Ackermann. "Mais maintenant, il faut réaliser que chaque deux semaines en Suisse, une femme meurt à cause de violences. Il y a une immense souffrance et on doit vraiment agir maintenant", exhorte-t-elle.
Evolution naturelle
Aujourd'hui, l'évolution naturelle est d'ajouter le sexisme à la norme pénale, abonde Mathias Reynard. "C'est ce qu'on a tenté de faire déjà au moment où on a ouvert cette norme pénale", explique-t-il au 19h30. "On a essayé d'y ajouter la lutte contre l'homophobie, la transphobie et le sexisme, on a réussi pour l'un des trois. Cela reste donc un objectif pour nous."
Le Valaisan annonce par ailleurs qu'il va déposer cette semaine une interpellation pour demander au législateur d'agir au niveau du Code pénal contre les violences sexistes, le harcèlement et le cyberharcèlement.
"Mais le volet pénal à lui seul ne suffira pas à faire évoluer la société", admet le socialiste. "Il nous faut de la prévention, de la sensibilisation, de l'éducation, et des outils concrets pour les personnes qui en sont victimes", plaide-t-il.
Les violences domestiques nécessitent 50 interventions policières par jour en Suisse, et les féminicides sont une sinistre réalité, rappelle l'élu. "Et tout cela commence par le sexisme et la violence systémique de notre société", souligne-t-il.
Esther Mamarbachi et Julie Conti/kkub