Issu du terme suisse allemand "röstigraben" (littéralement: "fossé des rösti"), "coronagraben" souligne tantôt les désaccords entre cantons alémaniques et romands quant aux mesures sanitaires à prendre ou à abandonner, tantôt les fortes variations du nombre de cas selon les régions linguistiques, explique la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW).
Nous avons tous vécu une réalité différente selon notre région linguistique
Ce néologisme traduit en filigrane "la relation au fédéralisme suisse et à ses mécanismes". Il montre surtout que "nous avons tous vécu une réalité différente selon notre région linguistique", constate la ZHAW. Viennent ensuite "gestes barrières" et "luttes".
L'année de la pandémie a vu fleurir une ribambelle de néologismes nés de la pandémie de Covid-19, tels que "covidiots", "coronasceptiques" et "coronagraben", indique encore la ZHAW mardi dans son étude.
"Systemrelevant" chez les Alémaniques
Dans les autres régions linguistiques, la pandémie a également beaucoup marqué le vocabulaire médiatique et populaire.
En Suisse alémanique, le mot de l'année est "systemrelevant" ("d'une importance systémique). Il devance le "Maskensünder" ("pécheur du masque") qui refuse ou omet de porter un masque d'hygiène. Le terme "stosslüften" ("aérer de manière conséquente"), qui complète ce podium, est lui aussi lié à la pandémie et constitue un geste barrière.
"Pandemia" chez les italophones
De même, le mot de l'année en Suisse italienne n'est autre que "pandemia" ("pandémie") qui devance "responsabilità" ("responsabilité") et "distanza" ("distance"). Ce trio semble montrer à quel point le Tessin a été marqué par l'arrivée du coronavirus en provenance de l'Italie du nord.
Il en va de même en romanche. Dans les vallées grisonnes où il est parlé, la première place revient à mascrina ("masque"), devant "extraordinari" (extraordinaire", comme la situation) et "positivitad" ("positivité").
ats/fgn
Les mots de l'année désignés depuis 2017 en Romandie
Les mots de l'année qui reflètent les préoccupations et les tendances du moment sont désignés depuis 2003 pour les Alémaniques, depuis 2017 pour les Romands, depuis 2019 pour les italophones et depuis 2019 pour les Romanches sur la base d'un large corpus de textes suisses, compilé par les chercheurs de la ZHAW.
A partir de cette liste, les quatre jurys régionaux font leur choix. Le jury francophone se composait de linguistes travaillant dans le journalisme, l'enseignement, la communication et l'art.