"Nous voyons depuis quelques jours une stagnation des chiffres à très haut niveau, et c'est une situation très dangereuse. Nous n'avons jamais vu cela auparavant dans cette pandémie", a souligné Alain Berset. "Nous sommes à un niveau beaucoup plus haut que tous les pays qui nous entourent, et un rebond à ce niveau-là peut avoir des conséquences catastrophiques. Nous sommes donc bien obligés de faire avec cette réalité, même si elle est très désagréable".
Le conseiller fédéral a rappelé que la Suisse est le pays le plus touché et le plus ouvert. Il a reconnu que certaines réouvertures en septembre ont constitué "une erreur" et que "nous avons probablement été trop optimistes". "Nous avons vu que c'était une erreur et avons refermé. C'est alors que la deuxième vague est arrivée. La Suisse romande a notamment atteint des records mondiaux". Après une baisse en novembre, Alain Berset constate que la situation s'essouffle maintenant à un niveau beaucoup trop élevé.
Les cantons romands ont pris leurs responsabilités
Le ministre comprend la grogne des cantons romands, dont les établissements publics vont subir de nouvelles restrictions au moment où ils vont rouvrir. "Les cantons ont agi, ils ont pris leurs responsabilités, mais quand ils prévoyaient de rouvrir le 10 décembre, nous leurs avons dit que cela nous paraissait relativement tôt pour rouvrir complètement".
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Alain Berset laisse une petite porte ouverte pour les cantons romands: ils peuvent faire valoir, dans la consultation express, qu'ils ne veulent pas de ces règles et qu'ils sont prêts à prendre cette responsabilité. "Nous sommes prêts à en discuter jusqu'à vendredi. Cette consultation est sérieuse". Mais c'est une très grosse responsabilité pour ce qui va se passer ensuite, a souligné le ministre. Pour les cantons alémaniques, en revanche, il affirme clairement qu'il faut agir.
Eviter de devoir tout fermer
Une seule chose doit dominer, a martelé le socialiste: "Où est-ce que nous devons placer le curseur, comment faire pour garantir la meilleure stabilité possible? Autrement dit, le sens des décisions politiques, c'est de tout faire pour éviter d'arriver dans une situation où l'on n'a plus aucune alternative. Le risque existe d'arriver dans une situation où l'on n'a plus rien d'autre à faire que de tout fermer. C'est cela que nous essayons d'éviter aujourd'hui".
Dans les hôpitaux, le personnel est "vraiment à la limite", a aussi rappelé le ministre de la Santé. "On ne peut pas avoir applaudi le personnel des hôpitaux au mois d'avril et aujourd'hui ne pas voir que la situation est bien plus grave qu'au mois d'avril".
La juste voie
Pour Alain Berset, la voie institutionnelle suivie actuellement reste la bonne: le rôle de la Confédération est de poser des mesures de base, mais de laisser aux cantons la décision d'aller plus loin si nécessaire. Et de rappeler qu'en Suisse romande, la situation est maintenant à peine meilleure qu'au niveau national, mais qu'elle reste à un niveau très élevé.
"On a l'impression que c'est derrière parce qu'on a récupéré une situation qui était presque désespérée. Mais les cantons romands sont à des niveaux dix fois plus élevés que les objectifs qu'ils s'étaient fixés", note le conseiller fédéral.
C'est l'évolution de la pandémie qui décide
Le Conseil fédéral a laissé entendre qu'il pourrait prendre prochainement des mesures supplémentaires. Sur quelle base déciderait-il? "L'évolution de la pandémie", répond le ministre de la Santé. "On n'a pas décidé, elle nous est tombée dessus. L'objectif est de préserver les équilibres dans la société, d'éviter les dégâts dans la société, mais en même temps d'éviter l'explosion de notre système de santé".
C'est pourquoi le gouvernement a annoncé qu'il allait revoir l'ensemble du système de soutien et d'aides, afin d'indemniser correctement les activités qui ne peuvent pas travailler, que ce soient les restaurateurs ou les milieux culturels.
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Interview radio: David Berger
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz
Sécurité prioritaire pour le vaccin
S'agissant du retard de la Suisse dans la vaccination par rapport d'autres pays, Alain Berset répond que la Suisse privilégie "la plus haute sécurité possible, une bonne efficacité et une très haute qualité". La Suisse est au même rythme que les autorités européennes. Le Royaume-Uni a choisi une procédure urgente, qui présente davantage de risques, note le ministre.