Avec la deuxième vague de coronavirus, les problèmes psychiques se font plus nombreux au sein de la population. Interrogée dans La Matinale de mardi, la présidente de la Société suisse de psychiatrie et psychothérapie Fulvia Rota constatait que "certaines personnes ont beaucoup plus d’angoisses, dorment moins et se préoccupent fortement de tout et de rien".
Selon cette praticienne, la dégradation durant la deuxième vague provient de la durée de la pandémie et de l'incertitude qui est liée, car on ne voit pas le "bout du tunnel".
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Un taux d'absence toujours plus élevé
En première ligne de ces problèmes psychiques qui se multiplient figure évidemment le personnel soignant. Au micro de la RTS mercredi, le ministre de la Santé Alain Berset a d'ailleurs déclaré que le personnel soignant était "à la limite".
Les établissements hospitaliers se disent aussi très inquiets et confirment que le personnel est usé par plusieurs mois de pandémie, avec à la clé un taux d'absence toujours plus élevé. Aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) , 9% du personnel était absent au mois de novembre, contre 5% l'an dernier à la même période.
Les EMS vaudois doivent eux composer avec 12% de malades parmi les collaborateurs. "Les absences pour maladie ont tendance à se prolonger au-delà des dix jours liés à l'isolement ou la quarantainte", constate Francois Sénéchaud, directeur d'Heviva, la faîtière des EMS vaudois, jeudi dans La Matinale. "Aujourd'hui, on parle de plus de trois semaines d'absence à cause du phénomène de fatigue."
Les soignants sont aussi inquiets de voir arriver les vacances de Noël et dans le même temps une probable hausse des hospitalisations. A leurs yeux, "une partie de la population ne se rend pas compte de ce qu'ils peuvent vivre sur le terrain et des cas auxquels ils sont confrontés", relate Stéphane Saillant, psychologue pour les collaborateurs du Réseau hospitalier neuchâtelois.
En outre, pour certains soignants, les Fêtes rimeront avec des jours de vacances en moins en raison des collègues absents à remplacer et du nombre important de patients Covid hospitalisés.
Troubles, anxiété et tendances suicidaires chez les jeunes
La pandémie actuelle pourrait également faire des ravages chez les enfants et adolescents au niveau psychique. Les hôpitaux signalent un afflux de jeunes patients, tant en stationnaire qu'en ambulatoire. Un phénomène récurrent en automne, mais amplifié cette année.
Les enfants sont un groupe particulièrement vulnérable, relève Alain di Gallo, directeur de la Clinique pour enfants et adolescents à Bâle. Des incertitudes chez les parents, des enseignants épuisés, des amis que l'on ne peut plus rencontrer que sous certaines conditions sont autant de phénomènes qui laissent des traces.
Interrogée dans le 12h30, Florence Baltisberger, responsable spécialisée dans le conseil pour la ligne téléphonique 147 de Pro Juventute, dit constater aussi une nette hausse des appels avec la crise du Covid, et en premier lieu sur les cas de violences dans le cadre de la famille.
Tant à Lausanne qu'à Berne, les services de psychiatrie des enfants et adolescents observent une grande souffrance chez les jeunes, avec une augmentation de 50% des demandes d’hospitalisation durant l'été, par rapport à la même période de l'an dernier. Les motifs sont variés: anxiété, troubles de l’humeur ou tendances suicidaires.
A Malatavie, l'Unité de crise pour ados des Hôpitaux Universitaires de Genève, neuf tentatives de suicide ont été enregistrées en octobre et cinq en novembre, contre respectivement une et deux l'an dernier. Responsable de Malatavie, Anne Edan estime que les adolescents vont plus mal actuellement et qu'il ne faut pas hésiter à solliciter de l'aide dès qu'une famille, que ce soit l'adolescent ou le parent, voit que la situation devient dangereuse.
Stress des étudiants
Autre signe de cette tension, la moitié des étudiants se disent très stressés actuellement, selon un sondage mené à l'Université de Neuchâtel par la FEN, la Fédération des étudiants. Et c'est surtout la session d'examens de janvier qui les inquiètent au plus haut point, car celle-ci se déroulera dans des conditions bien particulières, avec notamment une surveillance vidéo des étudiants.
Parmi les autres facteurs d'inquiétudes figurent aussi les problèmes techniques. Lors de la session de juin, les trois quarts des étudiants ont rencontré un problème de connexion ou de micro. La précarité financière et une vie sociale au point mort n'améliorent pas ce stress actuel, conclut ce sondage.
Frédéric Boillat
La SSR s'associe à la Journée d'action sur la santé psychique
La crise déclenchée par la pandémie de coronavirus plonge de nombreuses personnes dans la détresse économique, mais aussi psychique.
A l'occasion de la "Journée d'action sur la santé psychique en période de coronavirus" initiée par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), les chaînes de la SSR, dont la RTS, mettent jeudi ce thème au coeur de diverses émissions tout au long de la journée.
"L'idée de la journée de jeudi est de rappeler aux gens combien il est important de prendre régulièrement des nouvelles de ses proches, de son entourage", déclare Patrick Mathys, chef de la section Gestion de crise et collaboration internationale à l'OFSP.
>> L'OFSP rappelle aussi l'existence, pour ceux qui en ressentiraient le besoin de se confier, de La Main Tendue, qui offre une écoute attentive 24h/24 et 7 jours/7, au numéro de téléphone 143