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Des suicides à l'hélium proposés par Dignitas

L'association Dignitas à nouveau au coeur du scandale.
L'association Dignitas à nouveau au coeur du scandale.
L'organisation d'aide au suicide Dignitas a filmé certains de ses membres s'étouffant au moyen d'un sac en plastique rempli d'hélium. Le procureur zurichois Andreas Brunner tire la sonnette d'alarme.

La méthode en question est utilisée depuis plusieurs semaines,
et éviterait à l'association de devoir impliquer un médecin dans
ses démarches. En effet, contrairement au natrium pentobarbital
(NAP) utilisé jusqu'ici, l'hélium ne doit pas être prescrit par un
médecin.

Le procureur zurichois Andreas Brunner, qui observe depuis
longtemps l'organisation d'aide au suicide Dignitas, est outré.
Cela montre une nouvelle fois que la Suisse doit se doter d'une
vraie loi sur l'aide au suicide, a-t-il indiqué mardi sur les ondes
de la radio alémanique DRS: «Il ne s'agit pas de l'interdire, ni
d'empêcher le tourisme de la mort, mais d'édicter des règles
claires». Jusqu'ici le Conseil fédéral a toujours estimé inutile
une nouvelle loi à ce sujet.



Dignitas filme les candidats au suicide en train de se mettre le
sac plastique sur la tête jusqu'à ce qu'ils s'étouffent et meurent.
L'organisation envoie ensuite les images au procureur afin de
prouver qu'elle ne commet pas de crime.

Une méthode contestée

Selon Andreas Brunner, les films sont insupportables. Les
personnes tressaillent durant «plusieurs dizaines de minutes» avant
de mourir. Le natrium pentobarbital est beaucoup mieux adapté,
estime le procureur.



Rudolf Güntert, membre de la direction de l'association
Suizidhilfe Zürich, n'est pas d'accord avec cette description.
Selon lui, inspirer de l'hélium conduit à une mort rapide et sans
douleur. Après environ une minute la personne perd conscience, et
deux minutes après son coeur s'arrête.



Rudolf Güntert n'a pas lui-même assisté à une telle mort. Il se
réfère à un livre du psychiatre Peter Baumann, le président de
l'association Suizidhilfe Zürich. Ce médecin a été condamné
dernièrement à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour
avoir activement aidé des personnes à mourir. Il a utilisé la
méthode du sac d'hélium, mais celle-ci n'a pas été incriminée lors
du procès.

Volonté de contourner la loi?

Selon Jürg Vollenweider, l'adjoint d'Andreas Brunner, quatre
personnes se sont déjà donné la mort avec de l'hélium, a-t-il
indiqué à l'ATS. Le premier cas remonte au 18 février. Le fondateur
de Dignitas Ludwig A. Minelli n'était pas atteignable mardi.
Contacté par l'ATS, son secrétariat n'a pas souhaité prendre
position.



Il se pourrait qu'en recourant à de l'hélium, Dignitas tente de
contourner les nouvelles exigences du canton de Zurich en matière
d'accompagnement au suicide. Le canton a en effet décidé
d'appliquer plus strictement les directives de l'Académie suisse
des sciences médicales.



Les médecins zurichois qui prescrivent la substance létale natrium
pentobarbital doivent désormais voir le candidat au suicide à
plusieurs reprises. Sans quoi ils risquent de perdre leur
autorisation de pratiquer. Cela complique les choses pour les
personnes qui viennent de l'étranger pour mourir en Suisse.



ats/vd

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Dignitas: scandales à répétition

En octobre 2007, Dignitas avait déjà créé la polémique en utilisant des véhicules afin d'aider des ressortissants allemands à se suicider.

Cette solution avait été choisie en raison d'une interdiction de pratiquer dans les hôtels et les locatifs.

Quelques semaines plus tard, l'organisation avait provoqué un véritable tollé en Allemagne en manifestant sa volonté d'y pratiquer ses activités.

De plus, Dignitas est soupçonnée de ne pas respecter la législation selon laquelle une personne souhaitant mourir doit rédiger une déclaration de suicide et confirmer oralement sa volonté aux "accompagnateurs".

Conditions de l'aide au suicide

La Suisse est l'un des rares pays à autoriser le suicide assisté avec les Pays-Bas, la Belgique et l'État de l'Oregon, aux États-Unis.

Aider une personne à se suicider n'est pas considéré comme une infraction, « si l'acte est altruiste et sans mobile égoïste», selon les termes de la loi suisse. Concrètement, un médecin peut aider un patient à mourir en lui préparant un poison, mais c'est au malade de porter le verre à ses lèvres. Sinon, on peut considérer que c'est un meurtre.

Il faut aussi en théorie respecter plusieurs conditions: discernement de la personne, demande sérieuse et répétée dans le temps, maladie incurable, souffrances physiques ou psychologiques importantes et pronostic fatal ou invalidité définitive.