Des slogans appelant à la résistance ont été scandés par les
employés de CFF Cargo et les sympathisants, dont plus de la moitié
sont venus du Tessin.
Malgré l'effervescence, aucun débordement n'a été signalé. Un
important service d'ordre interne avait été mis en place par les
syndicats et la police bernoise était très présente.
Dialogue possible
Gianni Frizzo, coordinateur de la grève à Bellinzone, a exigé
dans son allocution la suppression des mesures de restructuration.
Il a affirmé que les syndicats retourneraient à l'expéditeur la
facture de la grève si les CFF l'adressaient aux grévistes.
Le président du syndicat du personnel des transports Pierre-Alain
Gentil a affirmé que le dialogue était possible. Les discussions
reprendront dès que les mesures de restructuration seront levées.
Le conseiller national tessinois Fabio Pedrina s'est félicité que
le mouvement de résistance tessinois ait pris une dimension
nationale. Il a appelé les milieux politiques et les CFF à
respecter le Tessin et ses compétences en matière
ferroviaire.
"Nous attendons une décision des CFF avant Pâques", a de son côté
affirmé Paul Rechsteiner, président de l'USS et conseiller national
(PS/SG).
Audit approfondi
Lors du débat urgent au National, il a été décidé que le
Contrôle fédéral des finances devra mener un audit approfondi sur
l'origine des pertes importantes de CFF Cargo ces dernières
années.
L'audit devra porter sur trois domaines essentiels: l'évaluation
de l'utilité et de la pertinence des comptabilités analytique et
financière de CFF Cargo; les conditions cadres et flux des
subventions dans le domaine du trafic marchandise; un "reporting"
au sein des CFF et à l'intention de la Confédération.
L'évaluation des mesures d'assainissement actuellement en
discussion ne fait pas partie de cette analyse. L'audit sera mené
indépendamment des tractations en cours entre les CFF, les employés
et les autorités. Il ne doit ni les retarder ni les entraver, a
indiqué la délégation.
Critiques générales
Une vingtaine de conseillers nationaux de tous bords, Tessinois
en tête, ont aussi sévèrement critiqué la gestion qui a conduit à
la crise de CFF Cargo. Tant la gauche que la droite ont relevé les
promesses non tenues des CFF sur l'avenir des ateliers de
Bellinzone.
Soit les CFF n'ont pas respecté le mandat de prestations fixé par
le gouvernement et le Conseil fédéral aurait dû réagir plus tôt,
soit le mandat était mauvais et il aurait fallu le changer, a
résumé Norbert Hochreutener (PDC/BE).
Une chose est certaine, aucun des partis bourgeois n'est prêt à
engager un centime avant que toute la lumière n'ait été faite sur
les responsabilités de la débâcle et sur les éventuelles lacunes
structurelles. UDC en tête, ils relèvent que les directions
concernées des CFF et de CFF Cargo ainsi que le ministre de tutelle
sont socialistes. Il faut les changer, a dit Ueli Maurer
(UDC/ZH).
En guise de réponse, Andrea Hämmerle (PS/GR) a souligné que le
président du conseil d'administration, Thierry Lalive d'Epinay est
bien radical. Et le président du PS Christian Levrat d'ajouter que
la droite est à l'origine de la politique de concurrence
artificielle, inutile et fatale menée par CFF Cargo.
agences/boi
Leuenberger demande la fin de la grève
Devant le National, Moritz Leuenberger a appelé les grévistes de Bellinzone à mettre fin sans attendre à leur mouvement.
Le ministre des Transports a invité les protagonistes de la crise de CFF Cargo à se réunir d'urgence autour d'une table de négociation.
Avec leur grève, les employés des ateliers de Bellinzone ont montré leur courage et obtenu que tout le Tessin leur soit solidaire, a dit le conseiller fédéral.
Vu les douloureuses mesures de restructuration annoncées, le Conseil fédéral comprend la déception et la colère des employés de CFF Cargo.
Mais il y a un temps pour tout: celui de la protestation et celui de la reprise du travail, a-t-il ajouté en demandant au personnel de respecter la convention collective de travail.
Le Zurichois garantit que les CFF sont prêts à prendre en considération toute alternative et à examiner les concepts même les plus novateurs.
Pas de manquement à la Confédération
Lors de son discours, Moritz Leuenberger a rejeté énergiquement tout manquement de la Confédération à son devoir de surveillance.
Dans ses objectifs stratégiques, le Conseil fédéral a exigé en 2005 des CFF qu'ils affichent des comptes positifs, sans quoi des mesures devaient être prises.
Vu la mauvaise marche inattendue des affaires constatée en août 2007, les département fédéraux des finances et des transports ont en outre exigé du conseil d'administration des CFF qu'il explique comment on en est arrivé à une situation financière aussi insatisfaisante, quelles leçons il en tire et quelles mesures il propose.
Aussitôt qu'elle sera en possession de ces informations, la Confédération réfléchira à son rôle de propriétaire et en tirera les enseignements. "Nous sommes aussi prêts à faire notre autocritique", a encore dit Moritz Leuenberger.
Evoquant les solutions à la crise, le chef du DETEC a dit qu'une coopération avec d'autres entreprises est possible en droit, mais ne saurait contredire le droit de la concurrence. Il est en outre faux de dire que la concurrence entre les CFF et BLS a été ruineuse. Cela a au contraire amené les deux sociétés à être plus efficaces et meilleur marché.