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Les EMS ne veulent plus d'un nouveau confinement

Juin 2020: cʹest lʹheure pour les familles de retrouver leurs proches après trois mois de contact à distance. [Keystone - Laurent Gillieron]
L'éclairage d'actualité / La Matinale / 3 min. / le 14 décembre 2020
Les établissements médico-sociaux avaient subi l'enfermement au printemps. Ils l'ont vécu une nouvelle fois cet automne en Valais et à Fribourg. Pour 2021, c'est niet.

Les résidents d'EMS fribourgeois ont été privés de visite durant tout le mois de novembre, les valaisans durant plus de cinq semaines. Ce sont les deux seuls cantons à avoir pris des mesures aussi dures.

Dans l'hypothèse d'une troisième vague, les faîtières des homes et les familles sont catégoriques: "Plus jamais ça!". L'absence de visites a eu un impact délétère sur la santé psychique des résidents et dans certains cas aussi sur leur santé physique.

Une dégradation

Le mari de Marie-Claire Dewarrat est hémiplégique. Il vit depuis treize ans en EMS, dans le canton de Fribourg. Depuis le mois de mars, il a perdu douze kilos.

Début décembre, sa femme a dû le faire hospitaliser d'urgence à la suite d'une déshydratation sévère. Sans attaquer le home, la septuagénaire dénonce le confinement: "Le deuxième confinement a été assez catastrophique pour mon mari. C'est un homme indépendant, il conduisait son fauteuil tout seul. Aujourd'hui c'est un grabataire".

Coupé des proches aidants

"Ce qui me fâche, c'est que le confinement, tel qu'il a été conçu, est une maltraitance étatisée. On ne protège pas quelqu'un du Covid en lui enlevant le peu de libre-arbitre qui lui reste en EMS", explique-t-elle dans La Matinale.

"Les proches repèrent la dégradation de leur malade. Les équipes soignantes font tout ce qu'elles peuvent, mais elles n'ont pas les moyens d'être ce que sont les proches aidants".

Le directeur de l'EMS concerné réfute un manque de vigilance, mais n'exclut pas une mauvaise communication de la part du médecin traitant.

Plus en 2021

Il confirme que, de manière générale, l'isolement forcé des pensionnaires a péjoré leur état de santé. Même si en cas de fin de vie et de situation de détresse, la venue d'un proche était permise.

L'Association fribourgeoise des institutions pour personnes âgées (AFIPA) était opposée à un verrouillage uniformisé. Elle continue de penser que Fribourg aurait dû s'inspirer des autres cantons avec des fermetures ciblées. Son secrétariat a reçu des dizaines de lettres de familles fâchées.

Quant à l'Avalems, l'association des EMS valaisans, elle a soutenu le Conseil d'Etat. Mais la prochaine fois, elle ne suivra pas.

Un ralentissement

"Il y a des situations qui sont devenues très complexes d'un point de vue psychologique avec, dans certains cas, des décompensations. Ça a été fait deux fois cette année, nous devons tout faire pour ce cela n'arrive pas en 2021", estime Arnaud Schaller, directeur de l'Avalems.

Ces fermetures n'ont pas empêché la propagation du virus dans les EMS, mais la pression a été moins forte.

Début novembre, 222 résidents valaisans étaient positifs au Covid-19. Un mois plus tard, il y en avait 88. A Fribourg, le contraste est plus saisissant: 259 pensionnaires malades au 3 novembre contre 24 au 1er décembre, sur les sept derniers jours.

Pas de promesses

Il faut se souvenir que le virus était entré dans plus de la moitié des homes valaisans et fribourgeois cet automne. C'est davantage qu'ailleurs en Suisse romande, raison pour laquelle les autorités ont invoqué l'urgence sanitaire et tout fermé.

Aujourd'hui, les autorités souhaitent à tout prix éviter un nouveau verrouillage mais Anne-Claude Demierre, conseillère d'Etat fribougeoise en charge de la santé, ne peut pas être catégorique.

"Vraiment, je n'aimerais pas devoir prendre cette décision. Mais je ne peux pas exclure l'idée, si nous devions revenir à une situation avec 500-1000 cas par jour à Fribourg et des EMS très très fortement touchés."

Reste que depuis le 1er décembre, les EMS valaisans et fribourgeois ont rouvert leurs portes avec des visites encadrées de manière stricte, comme ailleurs.

Céline Fontannaz

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