Selon cette enquête publiée lundi, plus d'un tiers (35%) des gens issus de communautés musulmanes en Suisse rapportent avoir été victimes d'une discrimination fondée sur la religion dans au moins une situation concrète. Une telle expérience a été vécue par les sondés le plus souvent lors de conversations, mais aussi au travail, à l'école, en formation ou en cherchant un logement par exemple.
En comparaison, les personnes issues de communautés catholiques ou protestantes ne sont que 6,2% et 4,6% à s'être senties discriminées. Celles apparentées à d'autres communautés chrétiennes ou évangéliques sont plus nombreuses (respectivement 12,3% et 16,6%). Ce sont les croyants de religions non chrétiennes qui restent le plus impactés: hors islam, il y a eu 26% d'auto-déclarations.
La question de la discrimination a été posée pour la première fois en 2019 dans cette enquête de l'OFS sur la langue, la religion et la culture. L'office note qu'il n'y a pas de différence significative entre hommes et femmes en matière de discrimination, quelle que soit l'appartenance religieuse. En revanche, l'âge compte: les cas concernent pour moitié des jeunes de 15 à 39 ans.
Un paysage chamboulé
Cette étude, qui a interrogé plus largement le phénomène religieux en Suisse, rend compte de la profonde transformation des dernières décennies. Il y a 50 ans, la quasi-totalité de la population était protestante (49%) ou catholique (47%). Ces deux appartenances religieuses se sont réduites à 23% et 35%, respectivement.
La proportion de la population sans appartenance religieuse est de son côté passée d'environ 1% à plus d'un quart (28%) en 2019. La part des autres communautés chrétiennes ou évangéliques et des autres religions représente quant à elle 7,1%, et celle des communautés musulmanes 5,3%.
Pratique religieuse sociale
L'an dernier, un peu plus d'un quart des personnes résidant en Suisse (26%) a participé plus de cinq fois par an à un service religieux collectif, tandis que 40% s’y sont rendues entre une et cinq fois par année. Dans cette dernière catégorie toutefois, 87% des sondés se sont déplacés dans un but social, par exemple à l’occasion d’un mariage ou d’un enterrement.
La majorité de la population (55%) prie au moins une fois par année. Les personnes de la communauté protestante sont proportionnellement plus nombreuses (38%) à n’avoir jamais prié au cours des douze derniers mois, devant celles des communautés musulmanes (31%) et catholiques (30%). Environ une personne sur cinq (19%) ayant indiqué n’avoir aucune appartenance religieuse prie au moins une fois par an.
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ats/sjaq
Recul du Dieu unique
La part des personnes déclarant croire en Dieu a fortement évolué depuis la dernière enquête en 2014. Cette croyance reste la plus partagée au sein de la population, mais a tendance à reculer: elle est passée de 46% en 2014 à 40% en 2019.
Comme cinq ans auparavant, un quart de la population déclare toujours ne croire ni en un Dieu unique, ni en plusieurs dieux mais en une sorte de puissance supérieure. La part des personnes athées a quant à elle progressé, passant de 12% à 15%, comme celle des personnes agnostiques – ne sachant pas si un ou des dieux existent – qui passe de 17% à 18% sur la même période.
Autre tendance à la hausse, la pratique spirituelle d'une technique basée sur le mouvement ou la respiration telle que le yoga, le tai-chi ou le Qi gong. En 2019, 24% de la population est concernée, contre 19% en 2014. Les démarches allant dans le sens du développement personnel se multiplient également (de 21% à 23%).