La pandémie de Covid-19 a poussé les étudiants suisses sur le chemin des hautes études. Selon des chiffres communiqués par l’Université de Lausanne, la rentrée scolaire 2020 a vu son nombre d’inscriptions augmenter de 7% par rapport à l’année 2019. Même tendance à Genève, où l’augmentation des inscriptions en bachelor a connu une hausse de 8,1%. La raison? De nombreux jeunes qui prévoyaient d’effectuer une année de pause pour voyager ou travailler après l’obtention de leur maturité ont renoncé à leur projet en raison du coronavirus, et ont commencé leurs études plus tôt que prévu.
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C’est le cas de Loukas Yadigaroglu, 20 ans, étudiant en Sciences politiques à l’Université de Genève. "J'étais censé faire une année sabbatique après le collège, mais le Covid-19 a chamboulé mes plans de voyage, car je n’ai pas trouvé de travail pour pouvoir le financer. Du coup c'est frustrant et on se sent un peu impuissant", témoigne le jeune homme au 19h30. "Il y a une sorte d'incertitude sur ce qui va se passer à l’avenir. Même au niveau de l'université, je ne sais pas comment vont se passer mes examens. C’est plus dur de se motiver avec les cours à distance".
Isolement induit par les cours en ligne, arrêt des activités estudiantines et précarité des jobs d’étudiants: le coronavirus a rendu la vie universitaire déprimante, au point de miner le moral d’un grand nombre d’étudiants.
Plusieurs articles scientifiques, dont l’étude CONFINS, mentionnée par l’Association de la Promotion de la santé mentale de Genève, tissent des liens entre l’isolement des étudiants et la détérioration de la santé mentale. Le rapport, qui a été réalisé durant le premier confinement en France, démontre que "la population étudiante a environ 50% de risques en plus de connaître une détérioration de sa santé mentale pendant le confinement par rapport aux autres adultes".
Mes parents m’ont toujours dit que l’université était une superbe période. Au final, je me retrouve à suivre mes cours en ligne !
Lucas Gios, 20 ans, est en première année de sociologie. Comme beaucoup d’étudiants, son premier pas dans le monde universitaire s’est révélé décevant. "J’ai eu ma maturité sans examens et j’ai l’impression qu’il n’y a pas eu de transition entre le collège et l’université à cause de la pandémie", détaille le jeune homme. Avec l’arrêt des activités sociales, le mode de vie estudiantin est au point mort. "Mes parents m’ont toujours dit que l’université était une superbe période de la vie. Au final, je me retrouve à suivre mes cours en ligne depuis la maison, il n’y a pas de contact humain et je n’ai fait aucune rencontre. Je me dis que l’université ce n’est pas si génial que ça!".
Si le virus pèse sur le moral de certains, la pandémie peut aussi pousser les jeunes à trouver leur voie. Camille Chavez a quitté l'Université pour s'inscrire à la Haute Ecole de Santé Vaud avant la première vague. Une vocation qui est devenue évidente pendant le semi-confinement de ce printemps. "Je savais que j'allais m'orienter dans la santé mais entendre les gens applaudir tous les soirs le personnel soignant m'a vraiment donné envie de m’engager. Je ne le fais pas pour que les gens soient reconnaissants, mais pour être fière de moi et me dire que je fais quelque chose de bien", explique l’étudiante au 19h30.
La jeune femme a hâte de commencer son stage. Car à part quelques ateliers pratiques à l'école, elle vit seule dans sa chambre d'étudiante et souffre du manque de perspectives. "J'ai réussi à garder le travail que je faisais avant qui est un petit job de temps en temps. On se dit qu’à 20 ans on a plein d'opportunités, mais le coronavirus freine considérablement les choses. Et au final c'est une grosse claque!".
Les jeunes de 20 ans font-ils forcément partie d’une génération sacrifiée? Camille refuse de se laisser abattre par la pandémie et relativise. "Oui, je pense qu'on est la génération Covid mais je refuse de transporter ça comme un boulet. Au contraire, je vois cela comme une force".