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CFF Cargo: les grévistes iront jusqu'au bout

Les grévistes rêvent d'un pôle technologique au Tessin.
Les grévistes appellent à la démission du Conseil d'administration.
Réunis à Bellinzone, les grévistes des ateliers CFF Cargo ont décidé vendredi de "résister jusqu'au bout", exigeant la démission du Conseil d'administration des CFF. Ils demandent aussi l'intervention de Moritz Leuenberger.

La grève ira de l'avant aussi longtemps que toutes leurs
revendications n'auront pas été acceptées par la direction des CFF.
Aux cris de "résister, résister, résister", les quelque 430
ouvriers des ateliers CFF Cargo de Bellinzone, en grève depuis le 7
mars, ont décidé d'"aller jusqu'au bout".

L'assemblée a demandé à grands cris la démission du Conseil
d'administration des CFF et l'intervention directe du conseiller
fédéral Moritz Leuenberger. "Lui seul doit désormais négocier avec
nous", ont lancé les ouvriers.

Sans Moritz Leuenberger

Mais leur requête n'a pas reçu un écho positif à Berne. Moritz
Leuenberger ne négociera pas directement avec les grévistes de CFF
Cargo. Dans un communiqué diffusé en soirée, le ministre des
Transports explique que les compétences entre les CFF et lui en
tant que chef du DETEC sont réglées dans la loi.



Par ailleurs, pour le conseiller fédéral, les efforts pour réunir
une "table ronde" dans le conflit du travail chez Cargo CFF ont
définitivement échoué. Le ministre de Transports a publié cette
prise de position vendredi soir après le rejet par les grévistes
des propositions de la direction de CFF.

Le PS tessinois déçu

Le Parti socialiste tessinois se montre déçu de l'attitude,
qu'il juge "incompréhensible", du conseiller fédéral du même parti.
Il reproche à Moritz Leuenberger de se réfugier derrière la loi
pour ne pas intervenir dans le conflit de CFF Cargo.



Il est vrai que la loi limite les compétences des autorités
politiques sur les questions opératives de l'entreprise, écrit le
PS du Tessin vendredi soir dans un communiqué. Mais rien n'empêche
le Conseil fédéral d'intervenir activement sur une question qui va
au-delà du pur aspect de l'entreprise, ajoute le parti qui appelle
Moritz Leuenberger à s'engager.

Propositions "honteuses"

Les propositions avancées jeudi soir à Agno au comité de grève
par Andreas Meyer, directeur des CFF, ont été jugées de "honteuses"
par l'assemblée, plus compacte et décidée que jamais. "La
manutention de toutes les locomotives et pas uniquement des plus
vieilles comme cela a été proposé par les CFF doit être maintenue à
Bellinzone" a lancé Gianni Frizzo, président du comité de grève
sous les acclamations. "Le département de réparation des wagons ne
doit pas être privatisé, tous les emplois doivent être maintenus et
le contrat collectif de travail assuré par les CFF jusqu'à fin
2010. "



Soutenus par le maire de Bellinzone Brenno Martignoni et par le
Conseil d'Etat tessinois qui les a assurés de sa solidarité, les
grévistes ont annoncé qu'ils n'avaient aucune intention de céder.
Samedi, la direction des CFF et le comité de grève reprendront les
négociations. L'entrevue se tiendra à Lucerne.

La proposition des CFF

Les CFF ont de leur côté rendu public vendredi leurs nouvelles
propositions en vue de "la table ronde" qui doit réunir les
partenaires sociaux pour discuter de l'avenir des ateliers de CFF
Cargo à Bellinzone.



Ils proposent notamment d'y maintenir l'entretien des locomotives
Ae6/6 et Re6/6 jusqu'à fin 2012. Cela permettrait d'assurer quelque
60 emplois. La principale condition fixée à la tenue de cette
"table ronde" est que les grévistes de Bellinzone reprennent le
travail lundi prochain.



ats/ap/hof

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Rappel des faits

7 mars 2008: confronté à un déficit de 190,4 millions de francs en 2007, CFF Cargo annonce la suppression de 401 emplois à Bellinzone, Bâle, Fribourg et Bienne. Les 430 employés des ateliers de Bellinzone se mettent en grève.

8 mars: plus de 5000 personnes, dont de nombreux politiciens de tous bords, manifestent à Bellinzone contre la suppression de 126 emplois aux ateliers CFF Cargo du chef-lieu tessinois. La direction des CFF rejette les reproches de mauvaise gestion.

10 mars: Moritz Leuenberger entre dans la danse.

12 mars: après une discussion avec des représentants du gouvernement tessinois et de Moritz Leuenberger, les CFF se montrent prêts à suspendre les mesures d'assainissement prévues à Bellinzone si la grève cesse, ce que les ouvriers refusent.

14 mars: les employés de CFF Cargo à Fribourg manifestent mais ils renoncent à la grève.

15 mars: échec des négociations entre la direction des CFF, les syndicats et les grévistes à Biasca.

17 mars: les CFF annoncent qu'ils sursoient aux mesures prévues jusqu'au 9 mai. Ils attendent en contrepartie des grévistes qu'ils interrompent leur mouvement, ce que ces derniers refusent.

19 mars: plus de 4000 personnes manifestent à Berne.

23 mars: l'évêque de Lugano Pier Giacomo Grampa célèbre la messe pascale dans les ateliers de CFF Cargo à Bellinzone. Il loue leur courage et appelle au dialogue.

24 mars: les CFF interrompent les discussions.

25 mars: le ministre des transports Moritz Leuenberger réitère son appel aux grévistes à interrompre leur mouvement et appelle le conseil d'administration des CFF à réfléchir à nouveau à leur décision concernant CFF Cargo.

26 mars: le conseil d'administration promet qu'il va réexaminer le projet d'assainissement des ateliers industriels de Bellinzone.

27 mars: réunis en assemblée, les grévistes demandent des garanties minimales et poursuivent leur mouvement.