A l'occasion d'une conférence de presse tenue vendredi à Berne,
Unia a réitéré les reproches qu'elle a déjà adressés à Migros via
différents médias les jours précédents. Le syndicat lui enjoint de
renoncer à cette augmentation de deux heures de la durée du
travail, qui concerne 10% de l'effectif, soit quelque 8000
personnes.
Une partie des collaborateurs
La mesure touche dès juillet les collaborateurs et
collaboratrices travaillant dans les entreprises de production
(notamment la filiale de produits carnés Micarna), la restauration,
la logistique, les activités de loisir et l'Ecole Club Migros. Ils
recevront en compensation une augmentation salariale de 2%, qui
s'ajoute à d'autres adaptations des rémunérations en vigueur depuis
janvier.
Pour Andreas Rieger, co-président d'Unia, la prolongation de la
durée du travail de 4,9% assortie de cette compensation salariale
de 2% est «un mauvais signal». Et cela d'autant plus que la
productivité du personnel en termes de chiffre d'affaires n'a cessé
de croître ces dernières années, de 323'000 francs en moyenne par
poste complet en 2004 à 369'000 francs l'an dernier.
Prévu par la CCT
Reste que la convention collective (CCT) du distributeur,
valable sur la période 2007-2010, prévoit que la durée du travail
peut être allongée dans les entreprises Migros à 43 heures, à
l'exception toutefois des employés du commerce de détail. Au moment
de la conclusion de la nouvelle convention, Unia avait déjà
critiqué cette flexibilité horaire.
Le syndicat, tout comme Syna, ne figure toutefois plus parmi les
parties contractantes de Migros, qui le juge insuffisamment
représentatif. Selon Migros, qui dit se baser sur les propres
données du syndicat, seuls 2,5% de ses employés sont membres
d'Unia.
ats/tac
Sèche réponse de Migros
Dans un communiqué publié en réponse aux attaques du syndicat, Migros écrit qu'il s'en prend à la mauvaise cible.
Selon le distributeur, le respect de sa CCT nationale lui coûte à lui seul 600 millions de francs par an.
Et de rappeler que depuis 2001, il a augmenté ses salaires nominaux en moyenne de 17,5%, soit une hausse réelle de 10,5%.
Quant au salaire mensuel minimal de 3300 francs appliqué dans certaines régions, qu'Unia juge aussi trop bas, le groupe fait remarquer qu'il ne concerne que 0,3% de ses salariés.
«Un syndicat qui même dans une branche aussi productive que l'horlogerie a donné son aval à un salaire minimal de 2400 francs devrait se montrer prudent dans ses critiques», ironise Migros.
Et selon Migros c'est aussi «grâce à Unia que l'industrie des machines - qui ne s'est pas fait faute d'en profiter - peut relever jusqu'à 45 heures hebdomadaires le temps de travail sans aucune compensation salariale».
Les employés touchés par la hausse du temps de travail chez Migros recevront par contre jusqu'à 6% de salaire supplémentaire, affirme encore le distributeur.