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Eveline Widmer-Schlumpf ne plie pas

Mini-roestigraben concernant Eveline Widmer-Schlumpf.
Eveline Widmer-Schlumpf garde le sourire malgré la pression.
Eveline Widmer-Schlumpf reste au Conseil fédéral et ne démissionnera pas de l'UDC. Elle a répondu jeudi à l'ultimatum lancé la veille par son parti. Elle continuera à représenter les idées traditionnelles de l'UDC au gouvernement.

Absolument pas impressionnée par l'ultimatum de son parti, la
conseillère fédérale grisonne a au contraire relevé jeudi devant
les médias la vague de soutien qui la porte.

«J'entends continuer à représenter les idées traditionnelles de
l'UDC au gouvernement. L'Assemblée fédérale m'a donné un mandat. Je
me dois de remplir ma mission même si la tâche n'est pas facile», a
t-elle dit debout devant la porte de son bureau du Palais fédéral,
pressée par des dizaines de journalistes.



«Etonnée» de son élection le 12 décembre, la nouvelle conseillère
fédérale n'a encore jamais refusé ses responsabilités. Balayant les
accusations de complot d'un revers de la main, Mme Widmer-Schlumpf
a affirmé qu'elle allait continuer son travail.

Bientôt les 100 jours

Elle attend même avec impatience le moment de tirer un premier
bilan de son action politique après cent jours au gouvernement le
11 avril. Elle pourra se situer politiquement et dire ce qu'elle
juge important pour la Suisse et son département.



La conseillère fédérale n'envisage pas le cas où l'UDC grisonne
l'exclurait de ses rangs. L'UDC suisse l'a exigé d'ici au 11 avril
justement, sans quoi la section risque d'être elle-même exclue du
parti suisse qui en créerait une nouvelle dans le canton, sur la
ligne du parti suisse.

Incarner les valeurs de l'UDC

Cette option n'entre pour l'instant pas en ligne de compte,
selon elle: «Nous devons attendre ce qui va se passer». La nouvelle
ministre est membre de ce parti depuis 30 ans: elle ne voit pas de
raison de le quitter. Les valeurs traditionnelles de l'UDC restent
les siennes. Elle entend les incarner comme elle l'a toujours fait:
avec «bienséance, respect et tolérance».



La conseillère fédérale est d'autant plus à l'aise qu'elle a reçu
des soutiens de la part des citoyens, d'élus, de gouvernements
cantonaux, du Conseil fédéral et même de membres de l'UDC. On lui a
demandé de ne pas se laisser intimider.

Soutien du Conseil fédéral

La conseillère fédérale grisonne a en
effet reçu jeudi le soutien du Conseil fédéral. "La pression de
l'UDC sur Eveline Widmer-Schlumpf pèse sur le climat de travail au
Conseil fédéral", a déclaré Micheline Calmy-Rey, précisant que le
collège soutenait la nouvelle élue.



La conseillère fédérale genevoise a condamné l'attitude de l'UDC
en vue du départ d'Eveline Widmer-Schlumpf du parti et du
gouvernement. A ses yeux, cette tentative de pression est
"inacceptable" et représente une "attaque contre les institutions
suisses".



Eveline Widmer-Schlumpf a été élue selon une procédure
démocratique par le Parlement. "Ce n'est pas à un parti d'élire un
conseiller fédéral", a-t-elle expliqué. Par son comportement, l'UDC
met en question la démocratie.

Menaces "inacceptables"

Et après les menaces qu'a reçues Eveline Widmer-Schlumpf,
l'ensemble du Conseil fédéral fait bloc. Ces menaces sont «une
attaque contre l'ensemble du collège et sont inacceptables», a
déclaré Micheline Calmy-Rey.



Qu'Eveline Widmer-Schlumpf doive renoncer à se rendre au
Sechseläuten à cause de menaces est indigne de la Suisse, a encore
dit la conseillère fédérale, interviewée à la radio alémanique DRS.
Elle-même n'a jamais connu de telles pressions.

Mercredi, la direction de l'UDC suisse a exigé d'Eveline
Widmer-Schlumpf qu'elle quitte le parti d'ici au 11 avril. La
Grisonne doit aussi démissionner du gouvernement, a demandé la
direction du parti au comité directeur. Le parti accuse toujours
Eveline Widmer-Schlumpf d'avoir préparé son élection avec le PS
pour évincer Christoph Blocher.



ats/cer/tac

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Les partis se disent indignés

Les trois autres partis au pouvoir se disent indignés par la pression exercée par l'UDC afin qu'Eveline Widmer Schlumpf quitte le gouvernement. Les méthodes employées sont «indignes d'une démocratie».

Que l'UDC veuille exclure Mme Widmer-Schlumpf de ses rangs est une chose, estiment les radicaux et les socialistes. L'UDC est libre de faire ce qu'elle veut, même si cela concerne un membre du gouvernement.

L'exclusion de la conseillère fédérale du gouvernement est une toute autre affaire. L'UDC remet en question l'élection de Mme Widmer-Schlumpf par l'Assemblée fédérale. Heureux ou non du scrutin, le parti ne peut que se plier devant la légitimité démocratique de cette élection, selon le PRD.

La pression que fait peser l'UDC sur Mme Widmer-Schlumpf est inacceptable, a indiqué Claudine Godat, porte-parole du Parti socialiste. Les méthodes employées sont «indignes d'une démocratie».

Pour sa part, le PDC est choqué de l'exigence de l'UDC d'exclure Eveline Widmer-Schlumpf de ses rangs. Les méthodes sont qualifiées de «calomnieuses». Christophe Darbellay, le président du PDC se demande «quand il y aura enfin un soulèvement contre une direction de parti qui parle toujours au nom du peuple et qui agit de façon si peu démocratique», a-t-il indiqué dans un communiqué.

Les Verts demandent enfin à l'UDC de cesser sa «chasse aux sorcières». Ils dénoncent les «penchants totalitaires» de ce parti: «celui qui refuse d'être mené à la baguette est exclu, diffamé et banni», affirment-ils dans un communiqué.

Sechselaüten: retrait d'un invité d'honneur

L'écrivain soleurois Alex Capus ne participera pas au Sechseläuten à Zurich, dont il était l'un des invités d'honneur, en raison des menaces proférées contre Eveline Widmer-Schlumpf.

Si des éléments prêts à la violence décident de la liste des invités, alors «je ne peux pas participer à la manifestation la conscience tranquille», a écrit jeudi Alex Capus à la corporation Wollishofen, dont il était l'invité d'honneur. Le canton de Soleure est l'hôte d'honneur du Sechseläuten cette année.