"C'est un vaccin très sûr et une étape importante a été franchie aujourd'hui", a déclaré le directeur de Swissmedic Raimund Bruhin lors d'une conférence de presse samedi.
Swissmedic indique dans un communiqué que les données disponibles à ce jour font état d’une efficacité élevée, comparable dans tous les groupes d’âges étudiés et ont satisfait aux exigences de sécurité. Il s'agit de la première autorisation mondiale de ce vaccin dans le cadre d'une procédure ordinaire et non urgente.
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Pas pour les moins de 16 ans
"Grâce à la procédure en continu et à l’organisation flexible de nos équipes, nous avons néanmoins pu statuer rapidement tout en tenant pleinement compte des trois exigences centrales de sécurité, d’efficacité et de qualité", ajoute Raimund Bruhin. Au vu des conséquences de la pandémie, cette autorisation rapide représente une étape décisive en matière de santé publique.
La situation des données étant trop floue pour les personnes de moins de 16 ans, la vaccination n'est pas autorisée pour cette catégorie d'âge. Idem pour les femmes enceintes. Les personnes de 16 ans et plus peuvent elles se faire vacciner en tenant compte des recommandations officielles de la Confédération en matière de vaccination, précise encore Swissmedic.
Pour une protection vaccinale optimale, deux injections intramusculaires administrées à au moins 21 jours d’intervalle sont recommandées. La vaccination ne sera pas obligatoire et elle sera gratuite, a rappelé Anne Lévy, directrice de l'Office fédéral de la santé publique, devant la presse, ajoutant qu'il faut absolument continuer de respecter les règles d'hygiène et de distanciation. "Se vacciner est un acte de solidarité, mais aussi un acte pour se protéger soi-même (...) on peut avoir confiance", a-t-elle également indiqué.
"Dans les prochains jours", assure Alain Berset
Comme pour tous les médicaments nouvellement admis, Swissmedic surveillera de près la sécurité du vaccin et prendra au besoin des mesures immédiates. Les effets secondaires les plus fréquemment documentés sont comparables à ceux du vaccin contre la grippe.
Le ministre de la Santé Alain Berset a rapidement réagi via un tweet, saluant une "bonne nouvelle". "Le vaccin est efficace, sûr et a été évalué de manière stricte. Nous pourrons commencer la vaccination dans les prochains jours. La priorité sera donnée aux personnes particulièrement vulnérables", a précisé le Fribourgeois.
Une question reste toutefois en suspens. Sera-t-il possible au niveau logistique de réellement commencer à vacciner avant la fin de l'année alors qu'il reste moins de dix jours ouvrables? Interrogée à ce sujet dans Forum, Virginie Masserey, cheffe de la section contrôle de l’infection et programme de vaccination à l'OFSP, confirme que la tâche s'annonce compliquée mais néanmoins possible: "C'est un défi et c'est d'ailleurs pour cela que nous sommes un peu pris de vitesse avec cette autorisation. Mais étant donné la gravité de l'épidémie, on aimerait au moins faire profiter quelques personnes parmi les plus vulnérables de ce vaccin avant la fin de l'année."
107'000 doses dans un premier temps
L'OFSP a ensuite indiqué que la vaccination commencera déjà au mois de décembre pour les personnes vulnérables de manière ciblée. Puis, à partir du 4 janvier 2021, la vaccination des groupes à risque et d'autres groupes prioritaires commencera dans toute le pays.
La Suisse s'est assurée l'accès de 15,8 millions de doses, négociées avec trois laboratoires différents: 3 millions avec Pfizer-BioNTech, 7,5 millions avec Moderna et 5,3 millions avec AstraZeneca.
Près de 107'000 doses vont être livrées ces prochains jours, puis 250'000 par mois dès janvier, a déclaré Dan Aeschbach, le chef de la pharmacie de l'armée devant les médias. Ceci n'est toujours pas confirmé, mais repose sur des accords verbaux avec BioNTech et Pfizer.
Pour atteindre un niveau d'immunité suffisant, il faudra attendre "de quelques mois à une année. Dans le meilleur des cas, six mois", selon Virginie Masserey. "C'est difficile à dire, cela dépend de la vitesse à laquelle la population voudra se faire vacciner."
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Pour les plus vulnérables en premier
L'objectif premier de la vaccination contre le Covid-19 est de protéger les personnes vulnérables et de réduire ainsi le nombre de cas graves et de décès, a indiqué l'Office fédéral de la santé publique en présentant sa stratégie de vaccination jeudi.
Le groupe de personnes vulnérables en Suisse est d'environ deux millions de personnes, soit le quart de la population, a relevé Virginie Masserey, cheffe de la section contrôle de l’infection et programme de vaccination à l'OFSP.
En Suisse, on s'organise depuis plusieurs semaines pour cette campagne de vaccination. L'armée réceptionnera les vaccins, les entreposera à -70°C dans ses installations protégées, puis les distribuera aux cantons peu avant le début de la vaccination. Ces derniers pourront ensuite conserver le vaccin au maximum cinq jours au réfrigérateur (entre 2 et 8°C).
Les personnes vulnérables seront vaccinées en priorité: en premier lieu, ils seront ainsi réservés aux résidents d'EMS, à leurs contacts étroits ainsi qu'au personnel de santé. Le vaccin sera ensuite proposé à l’ensemble de la population ce printemps.
Dans un premier temps, les vaccinations seront probablement effectuées dans des centres ad hoc et par des équipes mobiles, ensuite, dans des hôpitaux et des cabinets. Dans un second temps, les pharmacies pourraient aussi être employées pour vacciner.
Le vaccin sera acheminé dans les cantons de manière échelonnée. Les cantons informeront la population le moment venu.
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